Le CEP suit les recommandations de la communauté internationale
L’annonce met fin à deux mois de crise post-électorale. Finalement, le Conseil électoral provisoire (CEP) a décidé d’inverser les résultats provisoires entachés de fraudes. Le CEP a donc suivi les recommandations de l'Organisation des Etats américains (OEA). Appuyée par les Etats-Unis et des donateurs occidentaux, l’OEA préconisait d’écarter le candidat du gouvernement, Jude Célestin, du second tour. Selon les chiffres publiés après le premier tour du 28 novembre 2011, Jude Célestin était arrivé en seconde position, après Mirlande Manigat et devant Michel Martelly.
Le parti au pouvoir, Inité (Unité), dit « accepter » les résultats au nom de « l’apaisement social », comme le souligne le coordinateur national de l’Inité, Joseph Lambert. Le parti avait déjà décidé la semaine dernière de retirer son candidat de la course à la présidentielle, malgré l’apparent désaccord de Jude Célestin.
Deux candidats au profil très différent
Quant à la candidate Mirlande Manigat, elle est confirmée par le CEP dans son rôle de favorite. Professeur de droit constitutionnel formée à la Sorbonne, elle était arrivée en tête au premier tour. Tout distingue cette intellectuelle de 70 ans de son rival, le chanteur populaire Michel Martelly. Plus connu dans son pays sous le nom d’artiste « Sweet Mickey », ce musicien de 49 ans jouit d’une grande popularité notamment auprès des jeunes Haïtiens. Côté programme politique, Michel Martelly reste volontairement flou. Il promet de « changer la face d’Haïti » en commençant par une réforme agraire sans donner plus de précisions.
Mirlande Manigat, elle, se veut plus précise et pragmatique. L’ancienne Première dame (son époux, Leslie Manigat, a présidé le pays pendant quatre mois en 1988) se présente comme une légaliste attachée à la Constitution. Elle dit vouloir combattre la corruption dans le pays et souhaite aussi le départ progressif de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), qu'elle qualifie de « force d'occupation ».
Et maintenant ?
Mirlande Manigat et Michel Martelly disposent maintenant d’un mois pour mener leur campagne pour le deuxième tour de l’élection présidentielle, prévu le 20 mars. Les résultats provisoires seront publiés le 31 mars. Et le 16 avril 2011 on devrait connaître, selon le calendrier fixé par le CEP, le nouveau président d’Haïti.
En attendant, le mandat de René Préval expire lundi prochain, le 7 févier 2011, en tout cas officiellement, car le Parlement a déjà donné son feu vert pour le prolonger jusqu'au 14 mai si cela est nécessaire de façon à organiser la transition. Un tel scénario est d’ailleurs favorisé par les Etats-Unis. D’après le journal haïtien Le Nouvelliste, Washington craint qu’un départ précipité du président Préval ouvre une boîte de Pandore aux conséquences incontrôlables.