En Haïti, Jean-Claude Duvalier rattrapé par son passé

Deux jours après son arrivée à Port-au-Prince, l'ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier a été inculpé de détournement de fonds, corruption et association de malfaiteurs par la justice ce mardi 18 janvier 2011. Le récit de cette folle journée.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

Jean-Claude Duvalier est depuis ce mardi 18 janvier poursuivi par la justice de son pays, pays qu'il avait quitté il y a de cela vingt-cinq années.

La deuxième journée en Haïti de l'ancien président à vie a été forte en émotions et en rebondissements. Dans la matinée des policiers en armes, puis un juge sont venus le chercher à l'hôtel où il réside depuis son arrivée dimanche soir. Convoqué par le commissaire du gouvernement, il a été amené sous bonne escorte au parquet de Port-au-Prince. Une course folle s'est tenue dans les rues de la capitale entre les camions de police et les journalistes qui suivaient à moto le cortège.

«Bébé Doc» a donc été entendu par les autorités judiciaires nationales durant 3h puis dans la même cohue de véhicules, Jean-Claude Duvalier est rentré à son hôtel. Aux côtés de sa femme, il n'a pas dit un mot aux nombreux journalistes qui l'entouraient. On ne sait si l'ancien dictateur est restreint dans ses déplacements, s'il risque d'être emprisonné : les officiels du pouvoir judiciaire n'ont pour l'heure pas communiqué sur le dossier.

Jean-Claude Duvalier est poursuivi pour des malversations financières mais d'autres griefs sont faits à l'ancien dictateur

Les charges retenues contre «Bébé Doc» sont certes sérieuses mais tout de même mineures au regard de la terreur que Jean-Claude Duvalier a fait régner en Haïti durant quinze années. Arrivé au pouvoir à l’âge de 19 ans, «Bébé Doc» était moins autoritaire que son père François Duvalier mais il a tout de même poursuivi les persécutions grâce à sa milice paramilitaire, les tristement célèbres tontons macoutes. Des milliers d’opposants ont été les victimes de ces crimes et tortures, au point qu’Amnesty international considère ces violations systématiques des droits de l’homme comme des crimes contre l’humanité. Des crimes pour lesquels Jean-Claude Duvalier pourrait être poursuivi si une plainte était déposée car pour ces faits il n’y a aucune prescription valable.

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