Avec nos envoyés spéciaux en Haïti, Valérie Rohart et Manu Pochez et notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie baron
L’annonce du retour de Jean-Claude Duvalier en Haïti a pris tout le monde de court. La rumeur n’a commencé à se répandre sérieusement que deux heures avant son arrivée mais elle a essaimé telle une traînée de poudre et à son arrivée, il y avait beaucoup de monde à l’aéroport pour attendre l’ancien président, chassé du pouvoir en 1986.
C’est dans une cohue indescriptible qu’il a passé les portes de l’aéroport. En 25 ans d’exil, Jean-Claude Duvalier avait sans doute oublié ce qu’était un bain de foule : les trois policiers censés assurer sa protection ont eux aussi été happés par la cohue, un de ses partisans est tombé dans la bousculade et Jean-Claude Duvalier lui-même semblait hébété par cet accueil. Il a attendu d’avoir passé les contrôles de passeport pour déclarer simplement et en créole, « je suis venu aider ».
La même foule a accompagné le cortège de l'ancien président jusqu'à son hôtel. Ses partisans se sont rassemblés ensuite devant les grilles de l'hôtel Caribe où s'est installé Jean-Claude Duvalier. Il est sorti les saluer mais n'a fait aucune déclaration. Cet accueil n'est pas surprenant car nombreux sont les nostalgiques de l'ère Duvalier, une époque où, selon les nostalgiques du régime, «tout le monde avait à manger».
On ne sait rien des intentions de Jean-Claude Duvalier, qui était resté silencieux depuis le début de la crise politique en Haïti. Mais il a choisi de revenir au pays entre les deux tours de l’élection présidentielle et alors que l'on attend le résultat du premier tour depuis bientôt deux mois. Ce retour ajoute donc à la confusion d’autant que s’il y avait des Haïtiens pour se féliciter du retour d’un homme à poigne, d’autres en ont profité pour demander le retour d’un autre président, lui aussi chassé de Haïti et exilé, Jean-Bertrand Aristide.