Carlos, la biographie du célèbre terroriste signée du cinéaste français Olivier Assayas, a remporté le 16 janvier le Golden Globe de la meilleure mini-série ou film télévisés, lors de la 68e édition de la cérémonie, à Beverly Hills. « Jamais, dans mes rêves les plus fous, je n'aurais pu croire que je serais un jour devant les célébrités qui m'ont fait aimer le cinéma », a réagi Daniel Leconte, le producteur exécutif de Carlos en recevant le Golden Globe de la meilleure mini-série ou film télévisé.
Carlos, interprété par le Vénézuélien Edgar Ramirez, une brillante fresque de plus de cinq heures financée notamment par Canal+, a été conçu pour la télévision mais a également connu une belle carrière au cinéma, dans une version courte, après sa sélection au dernier festival de Cannes. Le film a notamment battu dans sa catégorie The Pacific, Temple Grandin et You don't know Jack, qui avaient tous les trois raflé les principales récompenses lors des derniers Emmy Awards, les récompenses de la télévision américaine.
Al Pacino salue « l'incroyable artiste »
Récompense ultime, quand l’acteur culte Al Pacino a reçu le Golden Globe du meilleur acteur dans une mini-série ou un film pour la télévision, il a également salué, sous les applaudissements de la salle, « l'incroyable artiste » Olivier Assayas. En novembre dernier, Carlos avait été présenté avec succès à la Cinémathèque américaine à Hollywood, dans sa version longue pour la télévision en trois épisodes, et dans sa version courte pour le cinéma. Le cinéaste était venu en personne défendre sa « biopic » du terroriste devant les cinéphiles de Los Angeles.
Dans un entretien à l'AFP, il déclarait alors ne pas considérer Carlos comme un film politique, mais comme « un film dont le sujet est la politique. Et ce n'est pas très courant, car cela implique d'aborder la stratégie, la géopolitique, la diplomatie visible et invisible… Pendant très longtemps on a eu un peu peur de montrer les années 1970 à l'écran. C'était une décennie de passions, de violence, qui semblait extrémiste, mais aujourd'hui, la perspective du temps fait qu'on peut l'aborder de façon libre, sans préjugés. » Il estimait également qu'il y avait dans Carlos une forme d'aboutissement de son travail. « J'ai l'impression que ce film, j'ai pu le faire grâce à ce que j'avais fait avant. Ca m'était arrivé de tourner dans des conditions de cinéma indépendant à l'étranger, dans des conditions relativement difficiles, et dans des langues étrangères", expliquait-il.
Le discours d'un roi et Inception, grands perdants de la soirée
Le favori de la soirée, Le discours d'un roi du Britannique Tom Hooper, a dû se contenter du Golden Globe du meilleur acteur dramatique, décerné au Britannique Colin Firth pour son incarnation du roi George VI, aux prises avec des problèmes de bégaiement. Deuxième grand perdant de la soirée : Inception de Christopher Nolan, gros succès public et critique, reparti bredouille.
Le grand vainqueur de la soirée était finalement The Social network avec quatre Golden Globes (meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur bande originale et meilleur scénario). Le film aussi brillant que virtuose de David Fincher, qui retrace la naissance controversée du réseau de socialisation Facebook, a remporté les Golden Globes de meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur bande originale et meilleur scénario.
La soirée a également distingué deux géants d'Hollywood, Al Pacino, pour son rôle dans le téléfilm You don't know Jack, qui lui avait déjà rapporté un Emmy en août dernier, et Robert De Niro, qui s'est vu remettre le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière.
Corruption et Golden Globes
Les Golden Globes ont été décernés cette année sur fond de controverse. Les membres de l’Association de la presse étrangère à Hollywood (HFPA), qui décernent les précieux globes dorés, ont souvent été critiqués pour accepter les faveurs des studios et les cadeaux des stars. Accusé de corruption par un ancien collaborateur, le présentateur Ricky Gervais s’est fait porte-parole de l’Association organisatrice des Golden Globes et a assuré à une salle hilare que les nominations de Johnny Depp et Angelina Jolie pour The Tourist, raillées à Hollywood, n'avaient pas seulement été accordées pour s'assurer leur présence à la soirée, mais aussi pour toucher « des pots-de-vins ».
Prochain grand rendez-vous incontournable du cinéma américain : les prestigieux Oscars le 27 février prochain.