RFI : Vous venez souvent à Paris. Que vous trouvez-vous dans cette ville ?
Leonardo DiCaprio : A Paris, tout est incroyable. C’est la ville la plus magique de la Terre. Les musées sont incroyables. Rien que le fait de marcher dans les rues est une fête en soi. J’ai quelques amis ici, parfois nous allons nous promener en banlieue. J’adore être à Paris. C’est une ville qui vous recharge en énergie. Il y a dans le monde beaucoup d’endroits étranges et insipides, mais Paris n'en fait certainement pas partie.
RFI : Revenons à Inception. Qu’est-ce que vous a poussé à dire « oui » à Christopher Nolan ?
L.D. : Quand les studios hollywoodiens sont capables de prendre un risque sur un film si compliqué, un film qui a parfois une dimension existentielle et dont la structure même déconstruit entièrement la notion de « blockbuster » et quand on vous dit : ' c’est Christopher Nolan qui sera le pilote, est-ce que vous voulez faire partie de l’aventure ? ' Evidemment, on saute sur l’occasion. Je peux vous dire qu’on ne reçoit pas tous les jours ce genre de proposition. Aujourd’hui, les studios hollywoodiens ne financent plus des films de ce genre. Je vais beaucoup au cinéma et vous ne pouvez pas imaginer ce qu’on voit, le nombre de films qui sont juste des recyclages de vieux succès. Inception est bien sûr une exception et c’est pour cela que c’est tellement excitant de faire partie du projet.
RFI : Dans le film, vous jouez un personnage capable d’entrer par effraction dans le cerveau des autres. Est-ce que c’est quelque chose qui – dans la vrai vie – vous fait rêver ?
L.D. : Vous voulez dire de faire ce métier ? Je trouverais cela incroyablement indécent (rire). Aux Etats-Unis, on dit souvent que le gouvernement a ce pouvoir de s’introduire dans les cerveaux des gens, d’entrer dans nos vies, d’écouter nos secrets les plus intimes. Tout cela grâce aux technologies modernes. Quant à la technique qu’emploie mon personnage, je pourrais rentrer dans le cerveau des gens, elle est toute aussi envahissante et illégale, et ce n’est certainement pas une chose que je pourrais faire.
RFI : Dans Inception, c’est la première fois que vous jouez avec Marion Cotillard. Cela s’est passé comment ?
L.D. : Je ne sais pas si les actrices françaises sont très différentes des actrices américaines, mais je peux vous dire que Marion est complètement à part. Elle fait vraiment partie de cette ligne d’acteurs très vieille école dont l’engagement est total. Et c’est une chose que j’admire beaucoup. Pendant le tournage, elle était complètement centrée sur son personnage. Un véritable bloc d’émotion. D’ailleurs, même quand la caméra n’était pas sur elle, elle restait très concentrée, à fleur de peau, au point que j’avais envie de dire : ‘ garde tes émotions pour tes grands plans ’. Mais bon, elle est comme cela. Elle se jette entièrement dans le rôle. C’est vraiment avec des gens comme cela que j’ai envie de travailler. C’est aussi génial de pouvoir parler avec elle de nos personnages respectifs. Son personnage est un reflet de mon cerveau. Et cela ne m’a pas ennuyé du tout que nous ayons toutes ces conversations pour explorer ensemble ces territoires mentaux très bizarres.
RFI : Vous avez en préparation un projet où vous incarnerez Edgar Hoover qui fut le patron du FBI pendant de très nombreuses années, un homme très puissant, lié à la mafia, possiblement homosexuel. Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle ?
L.D. : Le film n’a pas encore obtenu le feu vert du studio, mais il se tournera sans doute l’année prochaine et c’est Clint Eastwood qui le dirigera. J’adore ses films et j’adorerais faire ce film avec lui, parce qu’Edgar J. Hoover est l’un des personnages les plus ambigus de l’histoire des Etats-Unis. Il a fait partie de tous les grands chapitres de l’histoire de notre pays au siècle dernier, des débuts de la mafia à la guerre de Vietnam, de l’assassinat de Martin Luther King à celui des Kennedy. C’était un homme refoulé, un homosexuel, beaucoup de choses de sa vie privée étaient tenues secrètes. Et dans le même temps il a tenu pendant des décennies le FBI d’une main de fer. C’est vraiment un personnage que j’ai envie de jouer.