Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
« La première grande défaite politique d’Evo Morales », l’expression revenait dans la plupart des analyses après l’abandon surprise de l’augmentation du prix des carburants. Pour la majorité des observateurs, le président bolivien avait, pour la première fois depuis qu’il est au pouvoir, fait preuve de faiblesse devant une protestation de la rue.
Même s’il a officiellement minimisé la colère sociale et accusé l’opposition d’être à l’origine des manifestations, Evo Morales a bien noté que c’étaient ses propres bases qui s’étaient retournées contre lui et que le coût politique de sa mesure s’annonçait extrêmement élevé.
Devant cette menace, le gouvernement décide donc dans un premier temps d’abroger le décret et annonce ensuite que l’augmentation aura bien lieu mais cette fois-ci après concertation des organisations sociales. « Ce fut un pas en arrière, mais pour donner deux pas en avant aux côtés du peuple » a ainsi déclaré le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera qui a précisé que les subventions publiques aux carburants devraient atteindre cette année près de 400 millions d’euros.
En adoptant cette stratégie, Evo Morales espère à la fois renflouer les caisses de l’Etat, relancer la production pétrolière et regagner la confiance de ses bases. Un pari qui se jouera dans les prochaines semaines.