Avec l'annulation du décret, Evo Morales l'assure, « tout revient à la situation antérieure », les subventions aux carburants en particulier. Elles coûtent quelque 380 millions de dollars par an et font de l'essence bolivienne la moins chère de la région.
Une manne pour les contrebandiers qui alimentent tout un trafic avec les voisins du Brésil, du Pérou, de l'Argentine et du Chili. Une saignée insupportable pour l'économie bolivienne.
Evo Morales croyait pouvoir le faire comprendre aux Boliviens. Mais dès la publication du décret d'abrogation, les prix ont grimpé de 73% pour l'essence et de 83% pour le diesel. Et pour Evo Morales, la charge sociale a atteint, elle aussi, des sommets. Son électorat issu des classes sociales les plus pauvres a hurlé à la trahison. Il a même fait front avec les syndicats dans des grèves et des manifestations violentes.
Mercredi dernier, pour tenter d'endiguer la fronde sociale Evo Morales avait promis pour 2011 des augmentations de salaires de 20% dans l'enseignement, la santé, la police et l'armée. Sans succès.
Les puissants syndicats de transporteurs et de mineurs menaçaient de relancer leur mouvement de manière encore plus musclée après la trêve du Nouvel an. Evo Morales a préféré tout annuler pour faire cesser le bras de fer social.