Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
Le bras de fer est engagé entre le président Evo Morales et les syndicats de transport en commun. Ces derniers ont en effet décidé unilatéralement mardi 28 décembre d’augmenter de 100% leurs tarifs, alors que le gouvernement leur demandait de ne pas les augmenter de plus de 25%.
Ce mode de transport étant largement majoritaire dans le pays, c’est une immense partie de la population qui se retrouve ainsi touchée de plein fouet alors que les déplacements internes sont traditionnellement fréquents en cette période de fêtes.
Dans les médias boliviens, les usagers crient donc leur colère contre cette hausse historique du prix des carburants et se plaignent également d’une répercussion de cette hausse sur le coût des aliments…Effectivement, certains produits, comme le pain, le sucre ou encore l’huile se vendent déjà plus cher dans les marchés, et certains analystes brandissent le spectre d’une inflation incontrôlable…
Cette augmentation est la seule manière d’en finir avec la contrebande de carburant, a de nouveau expliqué le président Morales. L'essence et le diesel sont en effet importés par la Bolivie qui subventionne leur prix pour le marché interne à hauteur d'environ 300 millions d'euros par an selon le gouvernement qui dénonce que la contrebande en détourne près de 100 millions d'euros annuellement. Ainsi, le prix du litre de diesel au Brésil est le triple du prix bolivien…Le gouvernement entend également ainsi relancer la production interne de pétrole, touchée par la nationalisation des hydrocarbures en 2006 et «démotivée» par le prix intérieur, subventionné, de 27 dollars le baril de brut.
Le président Morales a prévu de s’adresser mercredi soir à la population pour annoncer une série de mesures censées adoucir les conséquences du désormais fameux décret 748 alors que plusieurs organisations sociales et certains leaders de l’opposition de droite ont appelé la population à manifester jeudi pour réclamer l’abrogation du même décret.