Avec notre correspondant à La Paz, Reza Nourmamode
Evo Morales avait annoncé mercredi 29 décembre une série de mesures censées adoucir l’impact de la hausse du prix des carburants, comme l’augmentation de 20% des salaires dans certains secteurs ainsi que diverses aides économiques à l’agriculture et au commerce. Les mesures et le discours de Morales n’ont donc pas réussi à apaiser la colère d’une grande partie de la population, et surtout des couches les plus défavorisées, qui dénoncent l’augmentation du coût des aliments de base qui a suivi celle des carburants.
A El Alto, l’immense banlieue des migrants ruraux qui surplombe La Paz et qui a toujours voté pour Evo Morales à plus de 80%, on se sent « trahis » par le président Morales. Ouvriers, artisans, petits commerçants ou encore sans emplois, ils sont plusieurs milliers à descendre la route qui mène de la banlieue d'El Alto au centre de La Paz et à défiler au son des bâtons de dynamite.
Mais cette fois-ci, c’est contre « leur » président qu’ils sont en colère comme le confie Fanny Nina, dirigeante de l’organisation civile d’El Alto : «A cause de ce décret, les tarifs du transport ont augmenté… A cause de ce décret, notre situation économique est plus grave et plus triste que jamais… Cette mesure signifie moins de nourriture dans nos maisons et moins de pain pour nos enfants… Le président, quand il faisait campagne, s’est identifié avec les plus humbles et les plus pauvres… Il est de notre race et nous nous sommes sentis très fiers qu’il soit notre président… Mais maintenant, avec cette mesure, nous sommes en train de perdre l’espoir que nous avions placé en lui ».
Alors que le gouvernement a qualifié la mobilisation de provocation organisée par de petits groupes dirigés par l’opposition politique, les syndicats et organisations sociales ont promis de poursuivre et d’intensifier la lutte contre le décret dans les prochains jours.