Pour Barack Obama, c'est un peu Noël avant Noël. Certes, le président américain a retardé son départ en vacances à Hawaï, en famille, mais il voulait, avant de quitter Washington, s'assurer que le Congrès voterait la ratification du traité START, signé en avril dernier avec la Russie. Les démocrates contrôlent actuellement 58 sièges sur 100 au Sénat ; pour être ratifié le texte devait être voté par les deux tiers de la Chambre haute, soit 67 voix. Le ralliement de républicains était donc nécessaire et pour l’obtenir Barack Obama n’a pas ménagé sa peine. Ces dernières semaines, les négociations ont été intenses mais elles ont été payantes puisque le texte a été adopté par 71 voix contre 26. Le président américain a par exemple rappelé aux sénateurs républicains réticents qu’il veut moderniser l’arsenal nucléaire américain en débloquant 80 milliards de dollars sur dix ans.
Plusieurs victoires législatives
L'administration américaine peut donc crier victoire pour la troisième fois en quelques jours. Elle avait déjà obtenu un compromis sur les cadeaux fiscaux et la levée du tabou homosexuel dans l’armée. La loi qui abolit le principe « Don’t ask don’t tell » a également été promulguée mercredi 22 décembre. Le président américain voulait absolument faire aboutir ces dossiers avant les congés de fin d'année, avant que les parlementaires conservateurs élus en novembre occupent officiellement leurs sièges. Au Congrès, la période où la majorité battue aux élections est encore en fonction est appelée « Lame Duck », canard boiteux. Habituellement, l’activité législative est particulièrement réduite au cours de cette session. Cette année, la machine parlementaire a fonctionné à plein régime et Barack Obama tire son épingle du jeu avant d'entamer une période de cohabitation.
Après le revers des élections de mi-mandat en novembre, tous les analystes donnaient le président en grande difficulté. Il a négocié en position de faiblesse et pourtant, après une année morose, la presse américaine salue aujourd’hui « le retour de Barack Obama en champion du compromis ». Le chef de l’Etat a fait preuve d’une étonnante capacité à rebondir et ces derniers succès législatifs lui permettent de finir l’année sur une note positive. Il affiche son pragmatisme, sa volonté de dépasser les querelles partisanes. « Il y a certains éléments que mon parti n’aime pas. Il y a certains éléments que les républicains présents ici n’aiment pas. C’est la nature même du compromis », dit Barack Obama. Il assume par exemple les cadeaux fiscaux faits aux plus riches, un geste qui a été perçu comme une trahison par une partie du camp présidentiel. En échange, le chef de l’Etat rappelle qu’il a obtenu une extension des allocations pour deux millions de chômeurs et un ensemble de mesures en faveur de la classe moyenne. 400 milliards de dollars devraient ainsi être injectés dans l’économie américaine au cours de deux prochaines années.
Rien n’est acquis
Mais la collaboration entre les républicains et la Maison Blanche pourrait rester éphémère. Ainsi, la loi de finance a été rejetée. Le Congrès a finalement prolongé mardi le financement de l’Etat fédéral jusqu’au mois de mars. Une manœuvre nécessaire pour empêcher la fermeture des services non essentiels du gouvernement fédéral puisque la vaste loi, dite « Omnibus », n’a pas été validée. Elle sera étudiée par la future législature et Barack Obama, qui souhaite une augmentation du plafond de la dette, n’est pas certain d’obtenir satisfaction. En janvier prochain, les républicains et les conservateurs du Tea Party seront présents en force au Capitole, ils estiment que le niveau de la dette fédérale (14 300 milliards de dollars) est déjà très élevé.