Argentine : mort de l'amiral Emilio Massera, membre de la junte

L'amiral Emilio Massera, ancien chef d'état-major de la marine et membre de la junte militaire au pouvoir en Argentine entre 1976 et 1983, est décédé lundi 8 novembre 2010 à l'âge de 85 ans. Selon les médias argentins, Massera, qui faisait l'objet d'une mesure d'assignation à résidence, avait été reconnu coupable de crimes contre les droits de l'homme lors de la « sale guerre » menée sous la dictature militaire. Il vivait la pupart du temps alité depuis l'attaque dont il avait été victime en 2002.

Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet

Membre de la junte qui prend le pouvoir en 1976, l’amiral Emilio Massera était moins austère mais non moins dur que le général Jorge Videla. Massera a été l’un des principaux responsables du régime de terreur mis en place par la dictature. Pour preuve, l’organisation à l’école de mécanique de la marine d’un centre de détention clandestin où près de 5000 personnes sont passées, aujourd’hui en majorité disparues, dont les religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet.

Souhaitant s’imposer face à Videla, Massera avait choisi Paris comme base d’opérations. Avant la Coupe du monde de football de 1978, organisée en Argentine, il y installe un centre de propagande pour contrer l’impact des informations sur les crimes de la dictature. Et c’est à Paris qu’il rencontre des dirigeants de la guerilla Montoneros, alors poursuivie par la junte, afin de les rallier à ses projets politiques.

Condamné à perpétuité lors du procès historique de 1985, gracié cinq ans après, Massera avait été détenu à nouveau en 1998 pour des crimes supposés ne pas avoir été jugés auparavant. Mais il n’a pu être inculpé quand les poursuites contre les militaires ont repris, en raison de l’accident cérébro-vasculaire qui l’avait laissé dans un état végétatif depuis 2002.

Partager :