Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Membre de la junte qui prend le pouvoir en 1976, l’amiral Emilio Massera était moins austère mais non moins dur que le général Jorge Videla. Massera a été l’un des principaux responsables du régime de terreur mis en place par la dictature. Pour preuve, l’organisation à l’école de mécanique de la marine d’un centre de détention clandestin où près de 5000 personnes sont passées, aujourd’hui en majorité disparues, dont les religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet.
Souhaitant s’imposer face à Videla, Massera avait choisi Paris comme base d’opérations. Avant la Coupe du monde de football de 1978, organisée en Argentine, il y installe un centre de propagande pour contrer l’impact des informations sur les crimes de la dictature. Et c’est à Paris qu’il rencontre des dirigeants de la guerilla Montoneros, alors poursuivie par la junte, afin de les rallier à ses projets politiques.
Condamné à perpétuité lors du procès historique de 1985, gracié cinq ans après, Massera avait été détenu à nouveau en 1998 pour des crimes supposés ne pas avoir été jugés auparavant. Mais il n’a pu être inculpé quand les poursuites contre les militaires ont repris, en raison de l’accident cérébro-vasculaire qui l’avait laissé dans un état végétatif depuis 2002.