Nestor Kirchner était un parfait inconnu en janvier 2003, lorsqu'il est devenu candidatat péroniste aux élections présidentielles. L'Argentine traversait alors une des périodes les plus difficiles de son histoire, quelques mois après la cessation de paiement de sa dette publique, l'effondrement de sa monnaie et le basculement dans la pauvreté d'une grande partie de ses habitants.
Elu avec seulement 22% des voix, après que son rival, l'ancien président Carlos Menem eut renoncé à se présenter au deuxième tour, l'inconnu aux allures de pingouin est vite devenu un président populaire. Il a su profiter de la faiblesse de la monnaie et de la demande croissante des matières premières dans le monde pour multiplier les exportations et atteindre des taux de croissance spectaculaires qui ont rapidement amélioré la situation de la population.
Il s'est aussi montré déterminé à placer au centre de sa politique la question des droits de l'homme, annulant les lois d'amnistie et poussant devant les tribunaux les anciens dictateurs des années 1970. Deux facteurs qui lui ont permis de faire élire triomphalement son épouse, Cristina Fernandez, à la présidence en 2007, malgré les critiques de ceux qui lui reprochaient une excessive concentration de pouvoirs.
Peu attiré par la politique étrangère, Nestor Kirchner était pourtant devenu secrétaire général de l'Union sud-américaine, en attendant un éventuel retour à la présidence aux élections prévues en 2011. Le destin en a voulu autrement et sa veuve devra faire face seule à l'isolement croissant d'un pouvoir symbolisé par la lettre K.