Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Selon la police mexicaine, les enregistrements des écoutes téléphoniques diffusés par Radio W sont authentiques et constituent des preuves infaillibles de la culpabilité du député.
Vrai ou faux, ce qui révolte les juristes, c’est qu’une fois de plus, la police, au lieu de confier ces pièces à conviction à un juge d’instruction, préfère lyncher le suspect à travers les médias. Cette stratégie que la police utilise de plus en plus souvent lui permet de faire condamner les présumés coupables par la société, sans avoir à faire une véritable enquête.
Une manœuvre politique
Ainsi, même innocentés par la justice, les accusés, traînés dans la boue, ont du mal à récupérer leur dignité. La gauche dénonce une manœuvre politique. Julio César Godoy est en effet le frère du gouverneur de gauche de l’Etat du Michoacán que le président Felipe Calderón voudrait récupérer pour son parti aux prochaines élections.
Déjà, l’an dernier, la police avait, au cours d’une opération très médiatisée, arrêté 35 fonctionnaires du Michoacán sous le prétexte qu’ils protégeaient ce cartel de la drogue. Un an après, ils ont tous été relâchés faute de preuves.
On notera que c’est une stratégie similaire qu’avait employé la police mexicaine pour l’arrestation de la française Florence Cassez. Pour l’inculper, le chef de la police n’avait pas hésité à faire une fausse arrestation devant les caméras de télévision. Avant même d'être jugée par les tribunaux, les médias l'avaient condamnée.