Les démocrates sont malmenés dans les sondages. Ils risquent de perdre leur majorité à la Chambre des représentants ainsi qu’au Sénat. Barack Obama aurait alors le plus grand mal à faire passer ses projets de réformes.
Dans cette dernière ligne droite de la campagne qui s’annonce plus que jamais cruciale, la Maison Blanche ne veut rien laisser au hasard et envoie, pour la première fois depuis 2008, Michelle Obama au front électoral. Neuf apparitions sont prévues dans six Etats. La première s’est tenue ce mercredi 13 octobre 2010 à Milwaukee dans le Wisconscin où la First Lady a participé à un meeting du sénateur démocrate sortant Russ Feingold.
Michelle Obama a exhortés les Américains à donner davantage de temps à son mari pour apporter le changement promis tout en soulignant qu’elle était très consciente des souffrances qui pèsent sur ses compatriotes, provoquées par la crise économique.
Mère de la Nation
« Mes filles, mes enfants, sont le centre de mon monde. Et mes attentes pour leur futur déterminent tout ce que je fais », a-t-elle expliqué à Milwaukee.« J'ai rejoint cette campagne avant tout en tant que mère. Et quand je pense aux défis auxquels notre nation est confrontée, je pense à ce que cela signifie pour mes filles et pour le monde que nous laissons à elles et à tous nos enfants ».
Le rôle que l’épouse présidentielle jouera lors de cette campagne électorale n’est pas celui de la locataire de la Maison Blanche. C’est celui d’une mère, non seulement de ses deux filles Sasha et Malia, mais d’une mère de la Nation, de la « maman en chef ».
Le ton est volontairement émotionnel. Le message véhiculé est aussi simple qu’efficace : nous, les Obama, nous sommes une famille comme les autres. Nous comprenons vos problèmes. Et c'est pour cela que nous arriverons à les résoudre.
« Femme la plus puissante au monde »
Pour communiquer ce slogan, Michelle Obama peut s’appuyer sur une popularité record. Avec ses 1m82, sa voix rauque et son sourire éclatant et contagieux, elle approche les gens ordinaires tout comme les grands de ce monde avec une simplicité épatante. On se souvient de l'accolade chaleureuse qu’elle a donnée à la reine Elisabeth en avril 2009 et qui avait provoqué un mini-scandale en Grande-Bretagne, car on ne touche pas Sa majesté.
On l'a vue planter un potager dans les jardins de la Maison Blanche, soutenir les familles de militaires, s'investir pour un meilleur système d'éducation ou encore se battre contre l'obésité infantile. Il y a quelques jours, le magazine Forbes l'a couronné « femme la plus puissante du monde ».
First Lady à la pêche des jeunes électeurs
Pendant que son président de mari se trouve en baisse dans les sondages, à 44,7% d'opinion favorable, Michelle Obama est avec 66% l'une des figures les plus populaires de l'administration américaine. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, son entrée dans la campagne électorale est prévue depuis longue date.
« Il s'agit de mobiliser les électeurs démocrates qui ont voté pour la première fois en 2008. Ce sont des femmes bien sûr. Mais le véritable objet de cette campagne 2010 pour les élections de mi-mandat, ce sont les jeunes », analyse le politologue Vincent Michelot. « Puisqu'on estime que si Barack Obama et le parti démocrate parviennent à mobiliser ne serait ce que 50% des primo-électeurs de 2008, ils ont des chances de conserver le Senat et une infime chance de conserver la Chambre des représentants ».
« Elle remplit son rôle mais n’aime pas la politique »
Il y a quelques jours seulement, lors d’un forum de discussion sur internet, la Première dame américaine assurait qu’elle avait « hâte de retourner sur le terrain » et se sentir « toute heureuse » à l’idée de repartir en campagne électorale. Mais selon certains observateurs, les déclarations de cette brillante avocate qui avait abandonné sa carrière au profit du mandat de son mari, pourraient être une pure façade.
« Elle remplit son rôle et elle le fait plus que bien », explique Myra Gutin, spécialiste des First Ladies américaines et professeur à l’université de Rider. « Partout où elle fait une apparition, les gens sont enthousiastes. Mais au fond Michelle Obama n’aime ni la politique, ni les campagnes électorales. Si vous lui posiez la question « que voulez vous faire cet après-midi? Partir en campagne ou aller à un concert? », elle choisirait toujours le concert. Michelle Obama n’a pas du tout le profil politique par exemple d’Hillary Clinton quand elle était Première dame ».
Collecte d’argent
Aux yeux de nombreux Américains c’est pourtant précisément ce qui rend l’épouse de Barack Obama si sympathique et crédible. « Dans une campagne où on accuse systématiquement les élus et sénateurs sortants d'être des politiciens entièrement acquis aux intérêts de Washington, elle a l'image d'une femme qui n'est pas impliquée dans la politique au jour le jour », estime Vincent Michelot. « C’est l’une des raisons pour lesquelles son image est restée très positive dans l’opinion publique américaine ».
Pendant les quelques jours qui restent avant le scrutin, Michelle Obama ne va pas seulement épauler les candidats démocrates malmenés dans les sondages. Elle va aussi et avant tout participer à la collecte de fonds, une tâche qu’elle n’apprécie guère. La Maison blanche estime toutefois à quelque 20 millions de dollars le montant que la première dame est capable de recueillir en son nom. Dans ces conditions Michelle Obama ne pouvait pas décliner la mission.