Mexique : un bicentenaire en musique et en couleurs, mais sous haute sécurité

2010 est l’année des célébrations de l’indépendance dans neuf pays d’Amérique latine. Chacun pays célèbre à sa manière ses héros. Au Mexique, malgré la crise économique le président Felipe Calderon a décidé d’investir 45 millions de dollars et offrir à ses concitoyens une fête à grand spectacle sans message politique ou idéologique.

Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy

C’est l'Australien Ric Birch qui organise depuis plus de 20 ans toutes les grandes manifestations internationales comme les JO qui a la haute main sur cette célébration.

Malgré la crise économique, le président Felipe Calderon n’a pas hésité à investir 45 millions de dollars (35 millions d’euros) dans un défilé d’avant-garde avec quelques 7 000 artistes et chars allégoriques. Un spectacle impressionnant entre le carnaval de Rio et l’ouverture d’un mondial de foot.

Il se déroule sur plus de trois kilomètres, le long du Paseo de la Reforma, les Champs-Elysées mexicains, pour aboutir au Zocalo, la place de la Constitution. Ce défilé se veut un préambule au traditionnel « Grito », le cri de l’indépendance, lancé par le président Felipe Calderon ce mercredi 15 sepembre 2010, à minuit, depuis le balcon du palais présidentiel.

Aucun message politique pour célébrer 200 ans d’indépendance

On aurait pu penser que le Mexique, un pays très nationaliste, allait profiter de ce moment pour associer l’ensemble de la population à un projet de nation, renforcer la transition démocratique ou la laïcité. C’était l’occasion de fêter les grands héros qui ont forgé ce pays à un moment où le Mexique ne va pas très bien. Mais le gouvernement de Felipe Calderon a préféré oublier l’histoire et offrir à ses concitoyens un spectacle, une fête à grand spectacle, sans aucun message politique ou idéologique.

Un bicentenaire sous haute sécurité

Les dépêches annoncent deux à trois millions de spectateurs, soit beaucoup de monde dans les rues. Le gouvernement a donc pris des mesures exceptionnelles. Des agents des forces spéciales, 2000 tireurs d’élites sur les toits, des spécialistes en explosifs, des maîtres chiens mais aussi des physionomistes épaulent depuis plusieurs jours les 25 000 policiers chargés de la surveillance.

La crainte c’est bien sûr un attentat. Avec la guerre frontale que le gouvernement livre aux cartels de la drogue personne ne sait ce qui pourrait arriver. Le risque est important en province. Dans les Etats violents comme le Michoacán, Zacatecas, ou Chihuahua, de nombreuses municipalités ont préféré annuler les réjouissances. Dans la dangereuse ville de Ciudad Juárez, le maire avait prévu de lancer le cri d’indépendance depuis un lieu gardé secret. Les feux d’artifice eux devaient être tirés depuis le Rio Bravo sur la frontière, pour que les habitants puissent les voir sans sortir de chez eux.

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