Enlèvements : le nouveau business des narcotrafiquants en Amérique latine

La question des clandestins qui traversent l'Amérique latine était à l'ordre du jour de la session de l'Organisation des Etats Américains à Washington et de la réunion des ministres centre-américains des Affaires étrangères ce jeudi 1er septembre. Avec une décision à la clé: la création de l'Observatoire aux clandestins qui traversent toute la région.

Ce sont 10 000 clandestins qui ont été enlevés en six mois au début de l'année, selon la commission nationale des droits de l'homme au Mexique. Depuis plus de deux ans maintenant, les autorités mexicaines tentent d'attirer l'attention sur ce phénomène, sans grand succès jusqu'au massacre de 72 clandestins la semaine dernière. Les cartels de la drogue sont responsables de ces enlèvements, qui leur permettent de prélever des rançons, ou de recruter de force de nouveaux membres.

Pour chaque otage, les gangs réclament plusieurs milliers de dollars. Actuellement par exemple, 17 émigrants sont séquestrés près de Tijuana par des trafiquants d'êtres humains. Deux ex-otages ont donné l'alerte. Ils ont été libérés, une fois la rançon de 4 500 dollars payée par leurs familles. D'autres malfaiteurs ont relâché jeudi 1er septembre une mère équatorienne, afin qu'elle réunisse 4000 dollars pour libérer son fils, toujours détenu. Les cartels ont ainsi récolté 25 millions de dollars pour les 10 000 otages pris entre septembre 2008 et février 2009. Des sommes la plupart du temps versées par les familles des victimes.
Les gangs diversifient leurs activités

L'émigration clandestine et les enlèvements permettent aux gangs de renflouer leurs caisses. Depuis le début de la lutte frontale de Felipe Calderon contre les cartels en 2006, ils se sont divisés en petites entités indépendantes, qui ont besoin de ces ressources supplémentaires pour fonctionner. Les Zetas par exemple, principaux suspects dans le massacre des 72 clandestins le 24 août, sont issus du clash du gang du Golfe. Ils ont ajouté les enlèvements à leurs activités de prostitution et aux extorsions. Pour ce groupe d'anciens policiers, les prises de clandestins sont faciles: ils ont encore des contacts dans les forces de l'ordre.

Un Président en difficulté

Cette multiplication des groupes régionaux de narcotrafiquants et des enlèvements affaiblit nettement le Président mexicain, dont la politique de lutte contre les cartels est vivement critiquée. La présence de 50 000 militaires déployés sur le territoire a radicalisé la violence des gangs, qui pratiquent maintenant les attentats à la voiture piégée. Une situation à laquelle la politique sociale de l'Etat ne parvient pas à remédier. "Aujourd'hui, le Mexique est un pays dynamique et stable (...). Il faut poursuivre les changements initiés" a malgré tout déclaré le Président le 1er septembre dans son discours annuel à la nation.
 

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