Pour le Pentagone, les révélations de Wikileaks sont un danger pour ses soldats en Afghanistan

Lors d’une conférence de presse au Pentagone, le 29 juillet 2010, le secrétaire à la Défense, Robert Gates et le chef d’État-major inter-armées, l’amiral Mike Mullen, ont condamné la publication de documents officiels concernant la guerre en Afghanistan par le site Wikileaks. Selon eux, ces révélations mettent en danger les soldats américains et leurs collaborateurs. Une déclaration dans la même lignée mais beaucoup plus forte que ne l’avait fait jusqu’à présent la Maison Blanche et d’autres membres de l’administration de Barack Obama.

Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

La première réaction du gouvernement américain avait été de minimiser les conséquences de la publication des documents, au motif qu’ils ne révélaient rien qui n’était déjà connu. Cinq jours plus tard, le ton change, il s’est durcit, comme si l’administration venait de se rendre compte que tout compte fait les dommages pourraient être plus graves que ce qu’elle avait cru.

Robert Gates parle d’un danger pour les troupes, les alliés et les partenaires afghans. La vie des informateurs locaux, facilement reconnaissables dans les rapports, est aussi en danger. Les talibans pour leur part disposent maintenant de précieuses informations sur les tactiques employées par les forces de la coalition.

Mais si le secrétaire à la Défense était en colère, le chef d’Etat-major inter-armées l’était encore plus. L’amiral Mullen a pour sa part réservé ses commentaires les plus virulents à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, lui lançant : « Au nom de la défense de vos idées, vous pouvez déjà avoir le sang d’un soldat américain, ou d’une famille afghane sur les mains ».

Une enquête confiée au FBI

Pour le secrétaire à la Défense, ce sont les relations et la réputation des Etats-Unis dans la région qui sont en jeu. Il a annoncé qu’il avait fait appel au FBI pour rechercher qui est à l’origine de la fuite.

Le principal suspect est Brawley Manning, un simple soldat. Un deuxième classe de 22 ans déjà arrêté pour avoir fourni au site une vidéo à Wikileaks. Cette vidéo montrait une attaque de civils irakiens par des pilotes d’hélicoptère. Deux collaborateurs de l’agence Reuters figuraient parmi les victimes.

Le soldat avait été dénoncé par un pirate informatique à qui il s’était confié. Et celui-ci vient de déclarer au Washington Post, qu’il pensait que Manning avait pu au même moment donner ces nouveaux documents à Wikileaks. Mais il doute qu’il ait pu transmettre seul un tel volume d’informations.

Détenu au Koweït, Manning vient d’être transféré au camp de marines de Quantico en Virginie où il va être interrogé par le FBI.

Partager :