Nouveau pavé dans la mare jeté par Wikileaks (un site qui publie depuis sa création en 2006 des documents secrets fournis par des sources anonymes) : la mise en ligne dimanche 25 juillet de 92 000 rapports rédigés par l'armée américaine sur les interventions des forces alliées en Afghanistan.
Des documents dont certains comportent des révélations polémiques : l'allié pakistanais jouerait double jeu, la coalition internationale multiplierait les bavures. Reprises par le New York Times, le Guardian et Der Spiegel, ces révélations indignent les capitales occidentales.
« Ces informations sont biaisées, tirées par les cheveux et n'ont évidemment rien à voir avec la réalité ». Le porte-parole du gouvernement pakistanais s'insurge contre la mise en cause du Pakistan, allié officiel des Américains. Les documents parus sur le site Wikileaks révèlent un soutien actif des services secrets pakistanais aux talibans et des complots pour abattre des officiels afghans. « Les Etats-Unis, l'Afghanistan et le Pakistan sont des partenaires stratégiques pour battre militairement et politiquement al-Qaïda », affirme l'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis.
Coté américain, on condamne des « fuites irresponsables », susceptibles de « menacer la sécurité nationale ». Mais, à l'instar de Londres, le conseiller national américain à la Sécurité, James Jones, ajoute qu'il invite Islamabad à faire en sorte que « la balance penche définitivement en défaveur d'al-Qaïda et de ses alliés extrémistes ».
En tout cas, ces révélations n'auront « pas de conséquence sur l'engagement en cours aux cotés des Afghans et des Pakistanais ». En plein effort pour minimiser les conséquences de la fuite, la Maison Blanche rappelle que ces documents concernent la période 2004 à 2009. Or, Barack Obama a justement lancé « une nouvelle stratégie en Afghanistan » dès décembre 2009. Entendez : les exactions et trahisons ne sont donc plus d'actualité aujourd'hui.
La réaction des capitales occidentales
Londres déplore « la publication non-autorisée de tout document classifié ». Le porte-parole du gouvernement espère par ailleurs que la fuite ne va pas empoisonner l'atmosphère en Afghanistan parce que les documents dévoilés recèlent des secrets qui pourraient attiser les tensions entre partenaires. Le Pakistan y est, par exemple, soupçonné d'apporter un soutien actif aux talibans et ce en dépit de son statut officiel d'allié à la cause américaine.
L'Allemagne, elle, ne condamne pas le site internet qui publie les rapports, elle reconnaît au contraire qu’il est inutile d'embellir la situation. Le ministre allemand des Affaires étrangères a même demandé lundi 26 juillet à ce que les informations sur cette aide supposée du Pakistan aux rebelles afghans soient « examinées » de plus près.
Du côté de l'OTAN, le responsable des opérations de la force internationale en Afghanistan, le général allemand Egon Ramms, s'est dit amusé de cette affaire, tout en réclamant plus de vigilance à l’égard des archives secrètes de la coalition internationale.