Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Barack Obama a suivi ce qui semble être la ligne officielle depuis dimanche soir. Condamnation de la fuite qui peut mettre des vies en danger et entraver les opérations des forces de la coalition. Et ensuite, minimisation de ses conséquences : tout ca c’est du réchauffé et cela ne nous apprend rien de bien nouveau.
En habile politicien, il essaie même de tirer un avantage de cet épisode en rappelant que bien des maladresses mentionnées dans les documents ont eu lieu sous son prédécesseur, Georges Bush. « C’est moi qui, souligne-t-il, après sept ans d’échec ai décidé de changer de stratégie en envoyant 30 000 soldats pour épauler des effectifs qui jusqu’alors étaient insuffisants. Ces renforts nous donnent une chance de débarrasser l’Afghanistan des insurgés et d’al-Qaïda ».
Nombre d’experts comme Anthony Cordesman du Centre d'Études stratégiques et internationales sont d’accord avec le président sur le fait que les documents sont périmés. Le sénateur John Kerry a aussi appelé ses collègues à ne pas exagérer l’impact de la publication et a continué de soutenir la nouvelle stratégie. Appel entendu puisque le Congrès vient d’approuver le supplément de 33 milliards de dollars que lui demandait Barack Obama pour les troupes en Afghanistan.
Quel impact sur l’opinion ?
Ces informations vont sans doute motiver les pacifistes traditionnels mais elles ne créeront certainement pas des manifestations de l’ampleur de celles qui ont eu lieu pendant la guerre du Vietnam. Les rapports de Wikileaks ne sont pas les documents secrets du Pentagone de 1971. Les documents remis à l’époque à la presse par Daniel Ellsberg étaient des analyses soignées montrant que les Américains, contrairement à ce leur affirmait le président Johnson, étaient en train de perdre la guerre.
Ceux publiés par Wikileaks ne sont que de simples comptes rendu, bruts d’évènements survenus entre 2004 et 2009. Selon un sondage du Washington Post et de la chaine ABC, 53% des Américains estiment que les efforts investis par les États-Unis en argent et en vies humaines dans le conflit ne valent finalement pas la peine.
Mais en dépit de leur frustration, les Américains se rendent compte que pour se débarrasser d’al-Qaïda il n’y a finalement pas d’autres alternatives que de continuer le combat. Ils sont donc prêts à donner à Barack Obama un peu plus de temps pour voir si sa stratégie est payante. Mais il devra de son côté faire un plus gros effort pour leur expliquer plus clairement pourquoi il est important de ne pas plier armes et bagages immédiatement.