Avec notre correspondante à Bogota, Zoe Beri
L’affaire scandalise les Colombiens. Comment, deux ans après sa libération par l’armée, Ingrid Betancourt peut-elle demander de l’argent à son pays ?
L’Etat devrait, selon elle, l’indemniser pour ne pas avoir pris au sérieux les risques qu’elle encourait le 23 février 2002, jour de son enlèvement. Le ministère de la Défense aurait dû garantir, à celle qui était à l’époque candidate présidentielle, des conditions minimum de sécurité dans la région où elle se déplaçait, en mettant par exemple un avion à sa disposition.
« C’est le comble de l’ingratitude, de l’opportunisme et de la cupidité » a lancé le vice-président colombien Francisco Santos. Dans un communiqué, le ministère de la Défense a rappelé que c’était elle qui avait décidé de braver les recommandations insistantes des autorités, en se lançant seule sur la route où la guérilla l’a interceptée.
Le gouvernement a également exprimé sa tristesse face à l’attitude de celle qui, en juillet 2008, remerciait l’armée de l’avoir sortie de la jungle, dans une opération qu’elle avait, elle-même, qualifiée d'« impeccable ». Il y a tout juste une semaine, Ingrid Betancourt a assisté à Bogota à une cérémonie d’hommage aux militaires qui l’ont sauvée. Personne ne s’attendait à ce revirement.