Lutte contre l'impunité : la démission de Carlos Castresana inquiète au Guatemala

Au Guatemala, la démission lundi 7 juin 2010 du juriste espagnol Carlos Castresana de son poste de directeur de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Cicig) agite une grande partie de la société qui avait placé sa confiance dans cet organisme de l’ONU et dans son directeur pour moraliser le pays.

Le président Alvaro Colom a reçu toute la journée les groupes de la société civile qui, dans leur grande majorité, ont demandé au président qu’une enquête soit ouverte contre le procureur général Conrado Reyes. Ils veulent savoir si ce dernier est effectivement corrompu et lié à des groupes d’avocats proches des cartels de la drogue comme le dénonce Carlos Castresana. Le juriste espagnol a démissionné, considérant que l'Etat guatémaltèque avait rompu son engagement à combattre l'impunité en nommant comme procureur général Conrado Reyes qu'il considère lié au narcotrafic. La première personnalité à soutenir Carlos Castresana a été Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix, qui a aussitôt rendu visite au président Colom.

La démission du représentant de l’ONU inquiète les Guatémaltèques car le juriste symbolisait l’espoir d’un rétablissement de l’Etat de droit. Sa mission était de combattre les intouchables, l’oligarchie corrompue et de pourchasser les chefs des bandes criminelles quels que soient leur noms et fonction. Une mission difficile qui lui a permis d’obtenir l’arrestation de l’ancien président Alfonso Portillo accusé d’avoir détourné 70 millions de dollars.

Cette démission fracassante pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’aide apportée par les pays amis qui participent à la reconstruction d’un Guatemala démocratique. Certains secteurs craignent que l’aide économique soit suspendue ou totalement supprimée si Alvaro Colom ne choisit pas correctement son camp.
 

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