« Nous avions averti le gouvernement. L'usage de la force entraînerait la suspension de l'aide financière », explique l'ambassadeur de l'UE au Kenya Stefano Dejak. Après plusieurs mises en garde, la fusillade de mardi a donc contraint Bruxelles de mettre sa menace à exécution. L'Europe a gelé les 37 millions de dollars du programme Water Towers.
Une décision qui ne surprend pas. Depuis des mois, les gardes forestiers mènent une campagne d'expropriation brutale des minorités vivant dans la forêt Embobut. « Ils nous traquent, tirent à vue, brûlent nos maisons. Nous vivons dans la peur », explique Yator Kiptum.
Ce leader Sengwer refuse de quitter les lieux et demande un dialogue avec le pouvoir. « La Constitution reconnaît notre droit à vivre sur la terre de nos ancêtres. Nous sommes capables de protéger l'écosystème. A l'extérieur, nous sommes démunis », explique Yator Kiptum.
Water Towers est important aux yeux de Bruxelles pour son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais en s'engageant, l'UE savait qu'il y aurait des problèmes. « Les forces de sécurité ont la gâchette facile et ne reconnaissent pas les Sengwer. Bruxelles refuse que son argent soit associé à ces violences », explique une bonne source.
Fin février, une réunion doit faire le point sur le projet. L'arrêt définitif du financement est possible, mais l'Europe aimerait que Water Towers continue. Pour cela Bruxelles exige l'arrêt des violences, des mécanismes pour contrôler la situation sécuritaire et des compensations pour les expropriés.