Madagascar: les magistrats en colère se mettent à l’arrêt

A Madagascar, toutes les procédures judiciaires des 60 tribunaux et cours de justice sont à l'arrêt depuis ce mardi 11 juillet. Le syndicat des magistrats à l'initiative de cette grève qui doit durer une semaine dénonce l'instrumentalisation et le manque d'indépendance de la justice, les trafics d'influence que subissent les juges, ainsi que la corruption généralisée dans le système judiciaire. À l'origine du mouvement, la prise de position du ministre de la Justice en faveur de Claudine Razaimamonjy lors d'une enquête du bureau indépendant anticorruption en avril dernier.

La banderole « Magistrats en grève » est accrochée à tous les tribunaux du pays. Une grève sans service minimum pour dénoncer la corruption qui gangrène le système judiciaire. À plusieurs reprises, des personnes ont tenté de soudoyer Aina Raby, vice-présidente du syndicat des magistrats de Madagascar : « Ca m’est déjà arrivé qu’un avocat soit venu me voir personnellement pour m'inciter à donner une faveur à son client. Il y a des justiciables, des gens qui viennent proposer aux magistrats par exemple 800 euros alors que le salaire moyen est de 350 à 400 euros par mois ».

Les juges dénoncent également les pressions, les ingérences de la part des autorités. En cas de refus d'obéir, ils risquent des affectations abusives ou des passages en conseils de discipline. Certains craignent pour leur sécurité, comme clément Jaona du syndicat des magistrats de Madagascar : « Les syndicats des magistrats, de même que madame sa présidente, sommes menacés de mort par un élu, par un sénateur et nous portons plainte contre lui. Actuellement, le dossier est récupéré par le ministère pour être classé sans suite ».

Contacté par téléphone, le secrétaire général du ministère de la Justice affirme que le gouvernement reste ouvert au dialogue. Il dit également ne pas avoir connaissance d'un quelconque acte d'ingérence. Dans un communiqué, le gouvernement a déclaré que la majorité des magistrats n'ont pas observé la grève. « Une telle prise de conscience et de responsabilité est vivement félicitée par le gouvernement », indique le communiqué.

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