Madagascar: appel à candidature pour le Conseil de réconciliation nationale

Il y a 6 ans à Madagascar, la feuille de route de sortie de crise indiquait que la Grande Île devrait se doter d’un Conseil de réconciliation nationale. En décembre 2016, la loi sur la Réconciliation nationale est définitivement votée et en mai dernier, le projet est enfin mis en route avec la nomination du comité en charge de sélectionner 22 des 33 titulaires de ce fameux « Conseil du Fampihavanana Malagasy ». Un conseil qui devra statuer, entre autres, sur les demandes d’amnistie ou de réparation des préjudices causés aux victimes des faits liés aux événements politiques de 2002 jusqu’à janvier 2014. Il y a 15 jours, l’appel aux candidatures a été lancé sur tout le territoire. Les candidats ont jusqu’au 15 juillet pour déposer leur dossier auprès des chefs de districts. Reportage au siège du Comité national de sélection.

« Déclaration de candidature mentionnant la région choisie, lettre de motivation, curriculum vitae, bulletin de naissance … » De passage dans la capitale, cet enseignant de Tamatave vient récupérer la liste des pièces nécessaires pour monter son dossier de candidature. « Il faut savoir pardonner », dit celui qui espère intégrer le Conseil du Fampihavanana Malagasy. Cependant, la liste entre les mains, ce dernier semble attristé : « C’est dommage que les consignes de la candidature soient en français. Ca exclut les gens de la brousse qui n’ont pas fait d’études, mais qui sont pleins de sagesse, alors que ces gens-là connaissent bien ce qu’on entend par "vraie réconciliation" selon la coutume et la tradition malgache. Il aurait fallu que ce soit écrit en malgache … »

Un regret qu’entend Emmanuel Djacoba Tehindrazanarivelo, président du Comité de sélection national. Toutefois, il rappelle que l’instruction et la pratique du français font partie des critères de sélection puisque les membres du Conseil seront soumis à la lecture de textes de loi, toujours rédigés en français à Madagascar, mais pas seulement.

« Ce qui nous intéresse c’est la vision de la personne, explique-t-il, de ne pas être prisonnier du passé, et penser pas tellement ou seulement aux blessures d’antan, mais plutôt être responsable et se projeter dans un futur où il y a un mieux vivre et un mieux travailler ensemble. Et ça, on va pouvoir le voir à travers la lettre de motivation et les autres lettres de soutien ou de référence. »

Depuis 15 jours, le bureau d’Antananarivo a reçu 19 dossiers de candidature. Un chiffre peu élevé qui soulève le problème du manque de communication. Comment motiver la population à participer ? Comment joindre et toucher les personnes dans les zones enclavées ? Difficile en effet, tant le budget octroyé par l’Etat est limité. Le président du Comité de sélection en appelle donc à l’aide de la communauté internationale.

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