Zimbabwe: Robert Mugabe lâché par les anciens combattants

Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe est de plus en plus remis en cause. Quelques semaines après le mouvement #thisflag lancé par le pasteur Evan Mawarire qui vise à contester le pouvoir en place, c'est les anciens combattants qui dénoncent le régime de Robert Mugabe. Dans un communiqué au vitriol daté de jeudi soir 21 juillet, ils s'en prennent au régime «dictatorial» du plus vieux président du monde, 92 ans, dont 36 à la tête du pays. C'est pourtant eux qui en 1980 avaient porté au pouvoir le héros de l'indépendance zimbabwéenne.

C'est un coup dur pour Robert Mugabe. Les anciens combattants, ses soutiens de toujours, déclarent qu'ils ne soutiendront pas le président zimbabwéen lors des prochaines élections, se disant inquiets du renforcement des tendances dictatoriales du régime. Dans un communiqué, l'Association des vétérans de la guerre de libération accuse le président d'être responsable de « la souffrance de la population destinée à son autoglorification ».

Joint par RFI, le cabinet du président n'a pas souhaité réagir.

Les anciens combattants ont toujours été un soutien indéfectible au président Mugabe, depuis l'indépendance de 1980 jusqu'à la réforme agraire de 2000 où les vétérans avaient appuyé avec force le président.

Mais déjà, en juin, les anciens combattants avaient déclaré soutenir Emmerson Mnangagwa pour succéder à Robert Mugabe, déclenchant la colère de celui-ci qui compte bien se représenter en 2018. « Ce n'est pas à vous de décider de qui me succèdera », leur avait-il lancé à l'époque.

Depuis, Mugabe s'était tourné vers les jeunesses de son parti, geste peu apprécié par les anciens combattants.

« C’est la première fois qu’on a une telle déclaration d’opposition à la candidature de Mugabe depuis que l’organisation des anciens combattants a été établie il y a 26 ans, commente le chercheur John Stewart, président du Forum des droits de l'homme au Zimbabwe. Les ex-combattants ne sont pas totalement contre le parti de Mugabe, mais ils sont contre la candidature de Mugabe. Peut-être le vice-président Mnangagwa sera leur candidat. Ils sont surtout contre la continuation de la présence de Mugabe comme président après l’élection qui doit normalement avoir lieu en mars 2018. »

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