Même si différents points de vue se sont exprimés, les débats n’ont pas été enflammés, car les participants au Forum de Tana se sont en général retrouvés sur les grandes lignes de l’analyse. La religion est fondamentale, mais son instrumentalisation est un danger pour le continent, qui souffre de la mal-gouvernance, de la pauvreté et du manque d’éducation.
Et pour illustrer cette situation, Alioune Sall, le directeur sénégalais du l’African Futures Institute basé en Afrique du Sud, prend l’exemple de Boko Haram : « Quand on sait qu’au nord du Nigeria, le taux d’alphabétisation ne dépasse pas 19 % alors qu’au sud, il est de 79 %, il est certain que ces disparités expliquent un certain nombre de choses. Il est certain également que la crise de l’emploi, la nature de la croissance que connaissent les pays africains, a ou ont constitué un terreau fertile pour ces mouvements islamistes. »
Boko Haram sévit depuis plusieurs années, mais la faiblesse de la réponse des autorités nigérianes a conduit à l’explosion et à l’internationalisation des violences de ces derniers mois. « L’attitude réactive qui est celle qui prévaut actuellement est une attitude coûteuse à tout point de vue. Il est certain qu’il aurait fallu trouver un modèle de développement qui, tout en générant la croissance, enraye les mécanismes qui créent les inégalités et les disparités. Les élites africaines n’en ont pas été capables ou elles en ont été empêchées », estime Alioune Sall.
M. Sall fait remonter les problèmes aux politiques d’ajustement structurel des années 1980. Aujourd’hui, comme la majorité, il assure que la solution ne peut être seulement militaire, mais doit aussi passer par une élévation de la qualité de vie de tous les citoyens.