Les pillages ont continué vendredi toute la journée et se sont propagés à des banlieues pauvres autour de Johannesburg, comme Kagiso. Les incidents ont commencé en début de semaine à Soweto, où un jeune garçon de 14 ans a été abattu par un commerçant somalien alors qu’il tentait de dévaliser son magasin. Sa mort a provoqué une vague de colère des habitants qui s'en sont pris à tous les commerçants étrangers, dont les magasins sont systématiquement pillés. Impossible de compter le nombre de commerces attaqués, bien plus d’une centaine. Les incidents se propagent.
Quartier Zola à Soweto : il ne reste plus un seul commerçant étranger. Tous les magasins ont été pillés. Certains chanceux ont réussi à sauver une partie de leur marchandise et à être escortés par la police hors de Soweto.
Dans cette petite boutique attaquée il y a deux jours en pleine nuit, des habitants du quartier traînent et regardent s’il y a encore quelques choses à prendre. Archie, la soixantaine, ne veut plus d’étrangers dans le quartier :
« On ne veut pas qu’ils reviennent. C’est gens là quand ils sont arrivés, ils ont eu des magasins, beaucoup d’argent. Nous aussi, il faut qu’on puisse travailler. Et vous savez, pour nous les Sud-Africains, c’est difficile d’avoir un commerce, il nous faut une licence, alors que ces gens-là, ils n’en ont pas. Ils n’étaient pas méchants, mais s’ils commencent à tuer des gens ».
Difficile de savoir si son sentiment est partagé. Il semble qu’une partie des habitants du quartier ont tout de même participé dans les pillages, même si certains désapprouvent.
« Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il s’est passé, parce que maintenant c’est nous qui souffrons. Vous voulez de pain, il n’y a pas de pain. Les Somaliens avaient tout !.. Vous vouliez quelque chose a 6h du matin, c’était ouvert ! » dit une femme du quartier. Une autre ajoute : « C’est dommage, vraiment dommage. Ils voulaient juste travailler. Si vous allez en Somalie, et vous ne connaissez personne là-bas, vous ouvrez un commerce, et on vous prend tout !!! Comment vous allez pouvoir rentrer dans votre pays ? Non, ce n’est pas bien, ce n’est pas bien. Moi, je n’ai rien pris ici ».
Soweto est calme vendredi soir. Les pillages se sont étendus à d’autres banlieues pauvres.