Avec notre correspondante à Alger,
La fête avait commencé dès le début de la journée. Dans les grandes villes, on avait accroché des drapeaux sur les façades, aux pare-chocs des voitures et sur les bus. Les supporters défilaient en voitures, assis sur les portières et le stade de Blida, lui, était plein depuis midi, avec déjà une quarantaine de blessés dans les bousculades.
Mais lorsque le coup de sifflet final a retenti, les pétards, les klaxons, les youyous et les sifflets ont repris de plus belle pour toute la nuit. Dans la capitale comme dans les grandes villes, des milliers d’Algériens sont sortis de chez eux pour défiler à pied ou en voiture. A Annaba, il y a eu des dizaines de kilomètres d’embouteillages dans la ville.
Ce match était en effet très attendu. Il est à la Une de la presse depuis plusieurs jours. Des émissions spéciales étaient prévues à la télévision et la radio nationale. Et puis les Algériens eux, sont passionnés de foot. «C’est normal, c’est le seul domaine où l’on peut rivaliser avec le reste du monde !», disait une dame.
Une qualification attendue aussi par le pouvoir
En Algérie, le foot a une véritable résonnance politique. Pour le match aller contre le Burkina Faso, les autorités ont permis à plus de 1 000 supporters de partir presque gratuitement à Ouagadougou. Un pont aérien gigantesque avait aussi été mis en place en 2009 pour le match contre l’Egypte. Cette fois, la journée avait été déclarée chômée et payée pour le match. Et le président Abdelaziz Bouteflika a envoyé un message de soutien et d’encouragement aux joueurs.
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Ceux qui dirigent le pays ont bien compris que la seule chose qui pouvait mobiliser les foules aujourd’hui, sans crainte de contestation, c’était le sport. Les associations des droits de l’homme peinent à réunir plus de quelques dizaines de manifestants, et le mouvement des chômeurs du Sud qui fait office de succès n’a rassemblé que 5 000 personnes au mois de mars.
Hier, ils étaient des milliers dans toutes les grandes villes du pays. Pour le journal Liberté, la raison est simple. Dans son édito d’hier, l’éditorialiste expliquait que dans une ambiance sociale morose où les prix augmentent et le chômage stagne, cette qualification pour le mondial, c’est le quota de bonheur du pays pour 2013.
Une liesse nationale
La presse est unanime ! «A nous Rio !», «En route pour le Brésil !», voilà les titres de plusieurs quotidiens ce mercredi matin. La radio nationale francophone diffuse encore des chants de supporters. Mais certains rappellent que malgré la victoire, la technique des Verts a déçu. Le site Tout sur l’Algérie raconte : «En première mi-temps, les Verts, tétanisés par l’enjeu, manquant d’expérience, étaient transparents, incapables de créer des occasions de but ».
Le site Maghreb Emergent insiste : «Il reste maintenant à construire une équipe qui saura dignement représenter l'Algérie face au gotha mondial du football au Brésil». Car en 2010, en Afrique du Sud, les Verts ont été éliminés au premier tour. Ils n’ont marqué aucun but pendant la compétition.