Article réactualisé régulièrement avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Plus les heures passent et plus l’Italie est sous le choc face à cette tragédie sans précédent à Lampedusa, depuis le naufrage d’un bateau le 2 juin 2011, à bord duquel il y avait 270 migrants, tous morts noyés parce qu’ils ne savaient pas nager. Comme la plupart des Erythréens et des Somaliens à bord de l’embarcation qui git désormais à 40 m de profondeur au large de l’île du Lapin, près de Lampedusa.
Les recherches sont toujours en cours, et tous les moyens sont mobilisés : hélicoptères, navires, vedettes de la marine militaire et des garde-côtes plongeurs. Mais il n’y pratiquement aucune chance, maintenant, de retrouver des rescapés, parmi les 200 disparus.
Effondrée, la maire de Lampedusa a d’ailleurs annoncé qu’il n’y a « vraiment pas assez de cercueils ». De fait, parmi les corps des victimes ramenés à terre et qui ont été transférés dans un hangar de l’aéroport de Lampedusa, faisant office de chapelle ardente, nombreux sont ceux que l’on voit simplement recouverts d’un drap.
Plusieurs représentants des institutions et du gouvernement s’y sont déjà recueillis, dont le vice-président du Conseil, Angelino Alfano. En sortant du hangar, il a déclaré, très affecté, que « cette immense tragédie est une offense à l’Europe tout entière ».
Rome insiste beaucoup sur point. En proclamant un jour de deuil national ce vendredi, la présidence du Conseil a aussi voulu souligner « la portée européenne » de cette tragédie effroyable, mais qui ne peut pas surprendre. On le sait, les traversées de la Méditerranée sont toujours à haut risque pour ceux qui rêvent d’un monde meilleur.
Les passagers ont tenté de lancer un SOS
Un homme d’origine tunisienne, qui aurait été reconnu par des survivants comme l'un des passeurs, a été arrêté, a indiqué la maire de l'île de Lampedusa. L’embarcation, longue d’environ 15 mètres, serait partie des côtes libyennes avec environ 500 passagers à bord. Elle s'est trouvée en difficulté au large de la toute petite île du Lapin, plus proche des côtes nord-africaines que de la Sicile. Mais les migrants à bord du bateau n’ont pas réussi à joindre, avec leurs téléphones mobiles, les garde-côtes italiens. Pour lancer un SOS, ils auraient allumé un feu qui aurait provoqué un incendie et le bateau se serait ensuite retourné.
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L’alerte a été donnée à 7h20 par deux bateaux de pêche qui se trouvaient à proximité. Deux vedettes, l’une des garde-côtes et l’autre des services des douanes italiennes, ainsi que des hélicoptères et d’autres moyens aériens ont été déployés.
Ce naufrage survient alors qu’un autre navire a débarqué dans la nuit de mercredi à jeudi 463 migrants, arrivants apparemment de Syrie.
Plus tôt cette semaine, lundi, ce sont 13 migrants, essentiellement Erythréens qui avaient trouvé la mort en se noyant alors qu’ils tentaient de rejoindre la côte à la nage, près de Raguse, au sud-est de l’île principale de Sicile. On ne sait si ces migrants s’étaient jetés à la mer ou s’ils avaient été jetés par-dessus bord par les passeurs d’une embarcation qui transportait 200 personnes.
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