Des rassemblements de soutien à Siliana ont été organisés mercredi et jeudi par l'opposition et des branches locales de l'UGTT dans une demie douzaine de villes, dont Sidi Bouzid, Kairouan et le Kef. L'objectif est de dénoncer la violente répression policière à Siliana. Ces villes de l'intérieur ont toutes été délaissées durant le règne de Zine el-Abidine Ben Ali, qui a préféré soigner sa vitrine, à savoir les zones côtières.
« Le gouvernement Ennahda n'a rien fait pour ces régions », a déclaré à RFI le porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri. Sa centrale a sûrement des arrières pensées politiques, même si la colère exprimée dans la rue est réelle. Le parti islamiste affirme s'attaquer aux disparités régionales, mais il a peu de résultats tangibles à présenter à une population gagnée par la colère et l'impatience.
La Tunisie compte vingt-quatre gouverneurs. Ils font souvent les frais de l'exaspération des populations du centre, qui les accusent d'œuvrer pour le bien du parti Ennahda et non pour celui de leur région. La grogne a aussi mené à des mouvements de grève dans le bassin minier de Gafsa le mois dernier, à des manifestations de chômeurs dans plusieurs localités et à d'importants rassemblements à Sidi Bouzid, en juillet et août dernier.
La troïka au pouvoir doit miser sur l'épuisement à Siliana, mais elle est sans doute fébrile à l'approche du 17 décembre, l'anniversaire de l'immolation de Mohammed Bouazizi, l'étincelle qui avait déclenché le printemps arabe.
Inquiétude du pouvoir central
Lors d'une allocution télévisée, le président Moncef Marzouki s'est vivement inquiété du risque d'instabilité dans le pays après la vague de violences qui a fait au moins 270 blessés à Siliana. Le président Marzouki a appelé à la formation d'un gouvernement restreint et efficace.