Le mouvement de colère enfle à Siliana, mais le parti au pouvoir Ennahda ne craint pas d'effet boule de neige dans les autres villes de la Tunisie de l'intérieur, plus vulnérables face au chômage.
Un cadre du parti islamiste a dénoncé des manifestations orchestrées par des «contre révolutionnaires.» «Une accusation sans fondement» a réagi Taïeb Baccouche, porte- parole du parti d'opposition Nidaa Tunes, pour qui les revendications des habitants de Siliana sont légitimes. Il dénonce par ailleurs une répression démesurée. «Les manifestants ont reçu des tirs de chevrotine et certains ont perdu la vue», s'est indigné Baccouche.
Une situation sociale et économique explosive
Le Premier ministre Hamadi Jebali a promis une enquête sur un éventuel usage excessif de la force, mais il en faudra sans doute plus pour ramener le calme, d'autant que le gouverneur régional est maintenu à son poste. Outre la démission d'Ahmed Ezzine Mahjoub, les manifestants réclament aussi des investissements dans leur région, où les créations d'emplois ont chuté de près de 65% ces douze derniers mois selon les chiffres officiels.
Dénonciation de l'arbitraire de la police, ras-le-bol de la hausse du chômage et de la misère, les observateurs notent que les slogans des manifestants de Siliana sont similaires à ceux entonnés dans les cortèges qui ont mis à terre le régime de Zine el-Abidine Ben Ali en janvier 2011.