Réunis en Côte d'Ivoire, les planteurs de cacao invités à produire plus

La première conférence internationale sur le cacao s’est achevée vendredi à Abidjan. Cette réunion réunissait les différents acteurs de la filière afin qu’ils établissent un agenda visant à augmenter la production de fèves. L’évolution actuelle de l’offre serait insuffisante pour répondre à la demande mondiale.

Le planteur de cacao, souvent le plus mal payé de la filière, a été pendant cette grand-messe du chocolat l’objet de toutes les cajoleries des discours officiels. C’est lui qu’on retrouve naturellement au centre de la déclaration d’Abidjan sur le cacao, le document final de cette première conférence internationale. Il était pourtant quasiment invisible lors de cette réunion où les représentants des planteurs ivoiriens ont regretté de ne pas avoir été conviés.

Améliorer la productivité

Faire en sorte que la culture du cacao devienne une activité florissante, attirante pour les jeunes générations, est l’objectif affiché dans la déclaration d’Abidjan. Cela passe par une productivité accrue, grâce à l’usage d’intrants (engrais, semences etc.) plus performants, de technologies novatrices pour juguler les maladies qui menacent les arbres et par un accompagnement des planteurs en les formant aux bonnes pratiques culturales.

L’augmentation des rendements est essentielle, ont plaidé les industriels, bien conscients que cette filière repose sur une activité fragile, la production du cacao étant le fait de familles et non d’exploitations à grande échelle. Et sans augmentation des rendements, difficile de rendre cette activité plus rémunératrice et par conséquent plus séduisante pour les plus jeunes tentés par l’huile de palme ou de l’hévéa.

« Les rendements ivoiriens, de l’ordre d’une demie tonne par hectare, n’ont pas bougé depuis des décennies », a fait remarquer le responsable des approvisionnements pour le confiseur Mars. « Alors qu’avec la bonne variété, le bon fertilisant et la formation pour le planteur, il serait facile de doubler cette production en quelques années et de prévenir ainsi le risque de déséquilibre du marché », a-t-il ajouté.

Pour transformer ces vœux ardents en réalité concrète, les industriels multiplient les initiatives depuis quelques temps. Le groupe Mondeléz International, filiale de Kraft Foods, a annoncé par exemple la semaine dernière le lancement du programme Cocoa Life qui correspond à un investissement de 400 millions de dollars sur les dix prochaines années et devrait améliorer les conditions de travail de 200 000 cacaoculteurs, dont 75 000 pour la seule Côte d’Ivoire. Cette opération reproduit les programmes efficaces menés par Cadbury, une autre marque du groupe Kraft, en partenariat avec le Ghana, l’Inde et la République dominicaine. Les fermiers qui en ont bénéficié ont augmenté leurs rendements de 20 % et leurs revenus de 200 %.

Les règles du marché

Attention toutefois au retour de bâton, a prévenu un représentant de l’Organisation internationale du cacao en conclusion de la conférence. Car le cacao n’échappe pas à la règle de tous les marchés : lorsque la production grimpe trop vite, les prix baissent ; ce qui décourage pour longtemps les producteurs.

Enfin, si les alarmistes mettent en garde depuis quelque temps contre le risque de déficit, une analyste a calmé ces craintes en affirmant qu’une telle probabilité était faible. Sur les soixante dernières années, un déficit de 100 à 200 000 tonnes - ce qui représente entre 2 et 5 % de la production totale - n’a été observé qu’une quinzaine de fois.

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