L'homme d'affaires togolais Bertin Agba est-il le stratège de cette affaire rocambolesque? D'après une source judiciaire, c'est lui qui aurait tout organisé. Envoyer notamment un homme et une femme à Dubaï en 2008 pour appâter le richissime Abbas Youssef. Lorsqu'ils expliquent à l'Emirien qu'ils sont en mesure, si on les aide financièrement, de récupérer un pactole : 275 millions de dollars, héritage du président ivoirien Gueï bloqués au Togo, Abbas se lance dans l'aventure.
Il envoie à Lomé son associé et ami de 20 ans : Loïk Le Floch Prigent. L'ex-patron d'ELF dit que l'affaire tient la route. Abbas le rejoint. Bertin Agba veut lui donner des garanties. Une rencontre se fait avec le ministre Pascal Bodjona, aujourd'hui détenu dans l'affaire. Un rendez-vous est même organisé avec le président togolais Faure Gnassimbé.
D'après l'avocat d'Abbas Youssef, « son client ne devait surtout pas parler du trésor de Gueï ». Convaincu, Abbas Youssef ouvre les vannes. Et il faut de l'argent pout tout : louer un avion, payer les fonctionnaires, les taxes. L'avocat de l'émirien décrit le système : Bertin Agba envoi un courriel à Le Floch Prigent qui fait suivre à Youssef Abbas. En tout 10 millions de dollars vont transiter. Gourmands, les Tgolais exigent aussi du cash.
L'avocat raconte que Youssef Abbas donnait les liasses à un contact libanais à Dubaï. Un complice à Accra se chargeait de donner la même somme aux protagonistes. En tout ? 38 millions dollars auraient ainsi changé de mains. Lorsqu'il découvre qu'il se fait avoir, l'émirien porte plainte. Des médiations sont lancées, rien n'abouti.
Youssef Abbas veut désormais récupérer son argent, 48 millions de dollars d'après lui et aussi être confronté à ceux qu'il considère comme les cerveaux de l'arnaque : Le Floch Prigent et Bertin Agba.
Pour la première fois, l'avocat de Abbas Youssef, Martial Akakpo, s'exprime dans ce dossier sensible. Il explique comment, d'après lui, son client s'est fait escroquer de 48 millions de dollars.