Malgré les morts, le bras de fer se poursuit entre mineurs grévistes et la direction de Lonmin

Combien de mineurs ont repris le travail ce mardi matin à Marikana dans le nord de l’Afrique du Sud ? La direction de Lonmin, l'exploitant de cette mine, avait appelé les grévistes à revenir à leur poste à 5 heures (TU), au lendemain d’un premier ultimatum resté sans effet. Lundi, en effet, moins d’un tiers des employés avaient repris le travail malgré les menaces de licenciement. La plupart des mineurs sont encore sous le choc après la mort de 34 de leurs collègues, jeudi 16 août. Aujourd'hui, la présidence sud-africaine a demandé à Lonmin de suspendre l'ultimatum fait aux mineurs.

La direction de la mine était jusque-là restée très ferme : tous les grévistes qui n’iront pas travailler ce mardi seront licenciés. « Je crois que la plupart des ouvriers veulent reprendre le travail. Je reçois de nombreux appels de la part des syndicats et des associations, mais aussi des employés individuellement, qui me demandent si on peut rétablir la sécurité, si on peut régler les problèmes sur le terrain pour qu’ils puissent retourner au travail », explique le PDG de Lonmin, Simon Scott.

Ce mardi matin pourtant, la direction de Lonmin a mis un bémol à ses propos : licencier des grévistes ne contribuerait pas à l'apaisement, a-t-elle déclaré. « Je ne pense pas que cela contribuerait à créer un environnement plus stable si Lonmin arrive avec des dates limites et des ultimatums en disant nous allons virer tout le monde si personne ne vient travailler », a déclaré Mark Munroe, vice-président chargé des opérations minières.

Une déclaration qui intervient alors que la présidence sud-africaine avait déclaré un peu auparavant avoir demandé à Lonmin de suspendre son ultimatum jusqu'à ce que toutes les victimes de la répression policière de jeudi dernier aient été identifiées et enterrées.

« Je risque de mourir si je retourne au travail »

Plus de 3 000 grévistes étaient rassemblés hier sur la colline de Marikana, non loin de lieu de la fusillade de la semaine dernière. Sipo, un gréviste, ne retournera pas à la mine : « On ne peut même pas imaginer retourner au travail parce que beaucoup de nos frères sont morts. Pour leur rendre hommage, il faut qu’on continue jusqu’à ce qu’on obtienne ce qu’on veut : de l’argent. »

Avec les tensions, les non-grévistes restent aussi chez eux par peur de représailles. Tinga travaille à la mine depuis 12 ans. Il est électricien venu du Mozambique. « Je ne peux pas retourner au travail parce que si j’essaie de le faire, je risquerais ma vie. Je peux mourir. Les grévistes peuvent me tuer, mais c’est mieux pour moi de perdre mon emploi plutôt que ma vie. »

Nathi Mthethwa, le ministre sud-africain de la Police, a déclaré que l’ultimatum de Lonmin n’allait pas aider à régler le conflit. Selon lui, les chefs d’entreprise doivent respecter la semaine de deuil national et ne pas envenimer la situation déjà très tendue.

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