Au milieu de l’avenue Maka al muqaramah, un camion surchargé en panne bloque la circulation et crée un début d’embouteillage. Si la conduite reste toujours aussi téméraire à Mogadiscio, et le klaxon un moyen d’exister, les rues sont désormais encombrées par les voitures, certaines usées, d’autres flambant neuves. Les trottoirs fourmillent de passants, et de petites échoppes. Un bâtiment quasi effondré jouxte un immeuble de deux étages à la peinture rose orangée qui donne presque mal aux yeux.
Des édifices sont en construction, l’un appartient à une société de transfert d’argent, l’autre est censé accueillir un centre commercial. L’activité a bel et bien repris dans le centre-ville et, à première vue, les hommes en armes sont beaucoup moins nombreux que les simples civils.
Des lampadaires ont été érigés pour doter cette artère principale d’éclairage public. Une première depuis bien des années. Mais bien sûr, les stigmates de la famine et de la pauvreté sont encore bien tangibles. Des tentes de fortune envahissent des bouts de quartier. D’après un responsable de l’ONU, les déplacés seraient 200 000 à Mogadiscio, mais il reconnaît que les estimations sont extrêmement difficiles, tant ces mini-camps sont répartis sans réglementation un peu partout dans la ville.