Le Soudan du Sud a un an et le constat est simple, le jeune Etat se porte mal mais il vit. Chacun savait que la tâche consistant à créer un Etat neuf et une nation sur une base quasi inexistante ne serait pas chose facile : 85% d'analphabètes, une bonne moitié de la population en situation de forte insécurité alimentaire; des infrastructures routières et foncières inexistantes. Juba est aussi éclairée par des groupes électrogènes.
Il restait un levier, le pétrole, qui représente 98% des ressources du Soudan du Sud, mais le président Salva Kiir a fermé le robinet en janvier dernier après le différend avec Khartoum sur la répartition de la rente pétrolière. Le différend à la fois pétrolier et frontalier avec le Nord a débouché sur de violents combats et une situation de guerre larvée avant que les deux pays ne retournent à la table des négociations fin mai.
Le Soudan du Sud confronté à une crise avec son voisin est aussi tiraillé par ses problèmes internes : conflits locaux sur fond de querelles ethniques ou foncières et domination des dinkas dans l'appareil du pouvoir mal vécus par les autres groupes. A cela s'ajoute l'hégémonie du SPLM (Mouvement de libération des peuples du Soudan), qui tend à devenir un parti unique au détriment des sensibilités de certains groupes. Enfin la corruption mise en exergue par les bailleurs de fonds affaiblit un peu plus le Soudan du Sud.
Certes, en un an il était difficile de construire un pays. Et si le robinet du pétrole ne se rouvre pas rapidement, l'avenir risque d'être plus sombre encore.