Jouer la montre, c'est peut-être la stratégie adoptée par les deux Soudans. Car si les deux parties ont accepté de reprendre le dialogue après avoir été au bord d'un conflit entre mars et avril dernier, elles ne l'ont fait que sous la pression du Conseil de sécurité des Nations unies qui menace Khartoum et Juba de sanctions si un accord n'est pas signé avant le 2 août. Ce jour-là, le secrétaire général de l'ONU rendra son rapport et décidera ou non de l'application de sanctions déjà prévues dans la résolution 2046 adoptée à l'unanimité.
Par ailleurs, les deux Soudans ont chacun un intérêt précis à s'asseoir à la table des négociations. Khartoum qui fait face à une contestation interne grandissante souhaiterait au moins pouvoir neutraliser la rébellion armée du SPLM-N (Mouvement pour la libération des peuples soudanais-Nord) allié de circonstance de l'opposition politique qui vient juste de s'unir. Un dialogue avec le Sud mais aussi avec le SPLM-N pourrait avoir comme effet bénéfique pour le président Béchir de diviser l'opposition.
Coté Juba, la négociation avec le Nord éloigne un peu les grognements internes de ceux qui reprochent au président Salva Kiir d'avoir fermé le robinet du pétrole. Elle calme surtout les parrains américains et chinois inquiets d'une politique jusqu'au-boutiste qui pourrait déboucher sur un conflit.