En l'absence de sondage d'opinion dans ce pays sans expérience du pluralisme depuis 1964, difficile de définir le rapport de forces. Assistera-t-on au raz-de-marée islamiste qu'ont connu la Tunisie puis l'Egypte ?
Comme chez ces deux voisins, les partis islamistes sont les plus organisés sur le terrain. Les Frères musulmans se targuent d'avoir été dans l'opposition à Kadhafi depuis des décennies. Un des partis qu'ils ont investi Justice et construction présente pas moins de 150 candidats. El Watan, la formation de Abdelhakim Belhaj, ancien djihadiste et commandant militaire de Tripoli, est celle qui a le plus de visibilité dans les grands centres urbains. Mais les partis libéraux aux programmes politiques et économiques ambitieux séduisent aussi les Libyens. Ainsi de Mahmoud Jibril. L'ancien Premier ministre du CNT, à la tête d'une coalition de 64 formations politiques, jouit d'une grande popularité.
Mais ce scrutin fait la part belle aux candidatures individuelles. 120 sièges leur sont réservés dans la future assemblée. Ces individuels ont fait campagne sur le terrain avec les moyens personnels, plus ou moins importants, dont ils disposent.
Cette offre morcelée et la nature de la société libyenne prompte à choisir les candidats sur des bases tribale et personnelle devrait déboucher sur une assemblée à la composition éclatée.
Les défis du scrutin
La haute commission électorale devrait relever les défis techniques du scrutin. Les élections locales à Misrata, Benghazi et Tajoura ont été un succès du point de vue organisationnel et logistique, avec un taux de participation élevé.
En revanche, le personnel de la commission n’est pas à l’abri d’opérations coup de poings de la part de groupes armés proches des fédéralistes de Cyrénaïque, visant à perturber le scrutin. Les fédéralistes appellent à boycotter le scrutin. Ils ont vandalisé les locaux de la commission électorale de Bengazi dimanche. Jeudi ce sont ceux d’Al Jdebya à environ 150 kilomètres plus à l’est qui ont été saccagés, la commission électorale assure que les dégâts de sont pas irréparables.
Plus grave, un hélicoptère transportant du matériel a essuyé des tirs dans le ciel de Benghazi hier, un membre de l’équipage a été tué.