En Libye, le CNT réduit les attributions du Parlement et tente de calmer les fédéralistes

La donne serait-elle en train de changer à la dernière minute en Libye ? Le pays devait voter samedi 7 juillet pour élire une Assemblée constituante, mais voilà que le Conseil national de transition au pouvoir vient de réduire les attributions du Parlement pour en faire une « simple » Assemblée nationale. Pourquoi cette décision ?

Avec notre envoyé spécial à Benghazi,

Avec cet amendement, le Congrès général national s’est trouvé amputé de ses attributions dans le domaine constitutionnel. Il ne nomme plus les membres de la commission qui sera chargée de rédiger la Constitution, ce sont les électeurs qui éliront directement les membres de cette commission dans un délai qui n’est pas précisé.

Cet amendement, selon plusieurs sources, est l’initiative du président du CNT Moustapha Abdeljalil, qui est originaire d’el-Baïda, ville de l’est de la Cyrénaïque. Il a été adopté de toute évidence pour apaiser les partisans du fédéralisme qui appellent à boycotter l’élection. Ces derniers contestent la répartition des sièges de ce Congrès qui, il est vrai, n’est pas en faveur de la Cyrénaïque : elle sera représentée à hauteur de soixante sièges contre cent pour la Tripolitaine.

Alors les élus du futur Congrès général se sentiront-ils liés par cet amendement ? Rien n’est moins sûr. Ils jouiront d’une légitimité populaire et auront donc plus d’autorité que le CNT, un organe en fin de règne, de plus en plus contesté. Des doutes subsistent par ailleurs sur la légalité même de cet amendement improvisé quelques heures avant la fermeture de la campagne officielle hier soir, 5 juillet, à minuit.

Paralyser les terminaux pétroliers

Des groupes fédéralistes réclament l’interruption des opérations dans la plus grande raffinerie de Libye à Ras Lanouf, à plus de trois cent kilomètres à l’ouest de Benghazi. Un responsable du secteur pétrolier a confirmé qu’ils exigent également la suspension des activités de pompage et de chargement des barils dans deux ports du golfe de Syrte.

Ce responsable n’a pas pu confirmer l’interruption des activités dans ces terminaux. Ces demandes, selon lui, sont formulées notamment par la branche armée des fédéralistes du conseil national de Cyrénaïque. Ce conseil, joint par RFI, nie toute implication dans les initiatives visant à paralyser les terminaux pétroliers, même s’ils jugent les revendications légitimes. Il maintient en revanche son appel à manifester demain samedi à Benghazi. Il maintient par ailleurs son appel à boycotter le scrutin de demain, car il estime que l’amendement adopté jeudi est une modification cosmétique, car l’assemblée législative sera toujours dominée par la Tripolitaine à l’ouest.

La tension est montée d’un cran à Benghazi, et les responsables des plus grandes tribus de l’Est, qui se sont réunies jeudi, ont lancé un appel pour que le scrutin se déroule dans le calme et la sérénité.

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