Zimbabwe : Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, reçue à Harare

La Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations unies a entamé une visite de cinq jours au Zimbabwe. Une première, pour Navi Pillay, invitée par les autorités. On se souvient que le rapporteur de l’ONU sur la torture Manfred Novak avait été refoulé à l'aéroport de Harare en octobre 2009. Alors, doit-on espérer un changement de ton de la part du gouvernement du président Robert Mugabe, régulièrement accusé d'atteintes aux droits de l'homme? Pas vraiment selon les défenseurs des droits de l'homme. Les responsables d'ONG n'attendent pas grand chose de leur rencontre avec Navi Pillay.

Comme de nombreuses militantes des droits de l'homme au Zimbabwe, Jenny Williams fréquente régulièrement les prisons de la capitale, Harare. La coordinatrice de « Women of Zimbabwe Arise » a été arrêtée en février puis de nouveau en mars pour avoir défilé dans la rue.

Elle déclare : « Pour les services de renseignement, nous représentons une menace à la sécurité nationale alors que nous sommes un groupe de femmes pacifiques qui ne demande rien d'autre que la justice sociale, mais j'ai l'impression que c'est un grave crime au Zimbabwe ».

L'espace des libertés demeure restreint au Zimbabwe trois ans après l'arrivée de Morgan Tsvangirai au poste de Premier ministre. Aucun responsable des violences post-électorales de 2008 n'a été inquiété par la justice du pays. En revanche, les militants des droits de l'homme, eux, sont surveillés, agressés, persécutés.

En mars dernier, six Zimbabwéens ont été condamnés à 420 heures de travaux d'intérêt général pour avoir visionné en public des vidéos sur les printemps arabes. Trust Mandaa est membre de l'ONG Avocats pour les droits de l'homme. Il ne fonde aucun espoir en la visite de Navi Pillay.

« Je pense, dit-il, que la situation risque même d'empirer parce que cette visite va permettre au gouvernement de se vanter. Il va dire, regardez, nous l'avons invitée, elle est venue. A part des broutilles, elle nous a donné sa caution donc nous ne faisons rien de mal ».

Plusieurs ONG présentées comme étant incontournables au Zimbabwe n’ont pas été approchées par les Nations unies. De son côté, le ministre de la Justice a dénoncé les accusations de tortures et de violences contre les opposants, qualifiés de « mensonges ».

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