Avec notre envoyé spécial à Bissau
Arrivée à bord d’un avion de la Nigerian Air Force, la délégation de la Cédéao a été accueillie dès l’aéroport par de hauts responsables de l’armée bissau guinéenne. Puis, sans faire de déclaration, le président de la commission, le burkinabé Kadré Désiré Ouedraogo, s’est engouffré dans un véhicule qui l’a conduit au bureau de l’organisation ouest-africaine à Bissau. Il y a retrouvé des ambassadeurs des pays de la sous-région qui, selon un participant, lui ont dressé le tableau de la situation nationale.
Après une rencontre d’une heure environ, la délégation a pris la direction de la forteresse d’Amura, le siège de l’état-major, où elle a longuement discuté avec les responsables du coup de force de jeudi dernier.
Dans une déclaration faite à la presse au milieu de la nuit, Kadré Désiré Ouédraogo a affirmé que sa délégation et celle des militaires s’étaient mis d’accord sur le principe d’un retour à l’ordre constitutionnel normal dans le pays. Les modalités de ce retour, qui constituent sans doute le nœud du problème, restent cependant à préciser avec un représentant de la Cédéao et avec toutes les parties prenantes.
La Cédéao a demandé la libération des figures politiques arrêtées par l’armée, à savoir le premier ministre déchu Carlos Gomes Junior et le président par intérim Raimundo Pereira. Une libération qui a été présentée par le président de la commission de la Cédéao comme une condition sine qua non au retour à l’ordre constitutionnel. Des garanties spéciales sur la sécurité de ces deux personnes ont d’ailleurs été demandées.
Les échanges ont aussi porté sur la MISSANG, la mission de coopération militaire angolaise, qui, selon les responsables du coup de force était la principale cause du soulèvement. « Si les autorités acceptent le retour à l’ordre constitutionnel normal, a expliqué le président de la commission, la Cédéao va remplacer les troupes angolaises ».
Appel au calme
Au cours de la journée, les militaires ont par ailleurs diffusé un nouveau communiqué dans lequel ils appellent la population à rester calme et sereine. Ils déclarent que la situation est « sous contrôle du commandement militaire » et que la formation du gouvernement de transition va permettre la reprise du fonctionnement habituel des institutions publiques.
Il faut dire qu’en dépit du retour progressif à la normale qu’on peut constater dans les rues, de nombreux habitants de la capitale restent inquiets. Dans la journée de ce lundi, on pouvait voir certains d’entre eux attendre un minibus pour passer quelques jours hors de Bissau, le temps de laisser la situation se clarifier.