À Addis-Abeba, les deux Soudans jaugent leurs forces sous l'égide de l'Union africaine

Après une semaine d’affrontements armés sans précédent entre le Soudan et le Soudan du Sud, moins d'un an après l'indépendance de ce dernier, des représentants des deux pays se sont rencontrés, ce 2 avril 2012 dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, pour un premier face-à-face. Les autorités du Soudan du Sud réaffirment qu'elles refusent de retourner à une situation de guerre avec leur voisin du Nord, malgré les bombardements qui, selon Juba, se sont poursuivis pendant le week-end dans l’État de l’Unité.

Alors que le président soudanais aurait dû se rendre à Juba [l'actuelle capitale du Soudan du Sud, NDLR] ce mardi 3 avril, le conflit le long de la frontière non démarquée entre les deux pays se poursuit.

Le ministre de l’Information du Soudan du Sud, Barnaba Marial Benjamin s'inquiète : « Il n’y a aucun endroit sur la terre où un Etat souverain bombarde un autre Etat souverain sans que la communauté internationale ne réagisse,  assurant cependant  nous allons défendre l’intégrité de notre territoire mais nous ne pénétrerons pas au Soudan ».

Les troupes de l'Armée de libération des peuples du Soudan du Sud (SPLA) l’ont pourtant fait dans la zone contestée et pétrolifère d'Heglig. Mais selon le ministre, c’était de la légitime défense.

Il dénonce la médiation de commission de l’Union africaine, présidée par l’ancien chef d’Etat sud-africain Thabo Mbeki : « Quand l’Union africaine a fait son rapport au Conseil de sécurité, ils nous ont décrits comme des agresseurs. C’était très décevant. Ils ne font même pas état des bombardements et disent ne pas comprendre pourquoi le Soudan du Sud a suspendu la production de pétrole. Et bien, si vous ne comprenez pas, pourquoi êtes-vous médiateur alors ? Je pensais que nous nous étions compris ».

Le ministre réclame une action urgente de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) et des pays de la région pour mettre fin à l’impasse. Il dénonce la tentative du Soudan de saboter les investissements pétroliers et affirme que le Soudan du Sud est prêt à payer jusqu’à un dollar de taxe de transit (*) pour acheminer le pétrole vers Port-Soudan.

Khartoum réclame 36 dollars le baril.

___________

(*) 1 dollar correspond à l'un des tarifs les plus élevés du monde pour une taxe de transit pétrolier.
 

Partager :