La dégradation des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud

Le regain de violence, depuis le 26 mars, entre le Soudan et le Soudan du Sud a accéléré la dégradation des relations entre les deux pays. Pendant deux jours, des affrontements, entre les deux armées, ont eu lieu le long de la frontière, dans la zone pétrolifère de Heglig. Les pourparlers entre les deux pays sur le partage des ressources pétrolières n’en finissent pas de s’envenimer.

Les deux pays s’accusent mutuellement et se renvoient la responsabilité de ces affrontements d’une ampleur sans précédent, depuis l’accession à l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet dernier.

Le président soudanais Omar el-Béchir a dénoncé, mardi 26 mars, l’attaque d’un complexe pétrolier stratégique, à Heglig, par les forces du Soudan du Sud. De son côté, son homologue sud-soudanais, Salva Kiir, a accusé le Soudan d’avoir commencé à attaquer son pays lundi 25 mars, en bombardant des champs pétroliers et en menant des attaques au sol dans l’Etat frontalier d’Unité. Le président du Sud a tenu à préciser que les forces de son pays ont alors contre-attaqué et traversé la frontière pour s’emparer de l’important champ pétrolier d’Heglig, situé en territoire soudanais mais revendiqué par les deux pays.

Khartoum a assuré ce mercredi 28 mars 2012 que la région est « complètement sécurisée » et le ministère soudanais des Affaires étrangères a par ailleurs affirmé que le Soudan ne bombarderait pas son voisin et qu’il ne cherchait pas la guerre.

Pressions de la communauté internationale

La communauté internationale a multiplié les pressions pour arrêter l’escalade de la violence. L’Union européenne a appelé les deux parties à mettre fin aux affrontements en soulignant le risque de conflit armé généralisé.

De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a invité les gouvernements de Khartoum et de Juba à faire preuve de la plus grande retenue et d’engager un dialogue soutenu. Réaction également de l’Union africaine (UA) qui a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à retirer leurs troupes à 10 km, à l’intérieur de leur frontière.

Joint par RFI, Nourredine Mezni, porte-parole de l’UA a souligné que son organisation demande également aux deux pays de respecter scrupuleusement le protocole d’accord de non agression et de coopération signé le 10 février dernier.  


Négociations sur la sécurité
 
Des représentants du Soudan et du Soudan du Sud doivent se rencontrer jeudi 29 mars à Addis-Abeba pour discuter de sécurité le long de la frontière. Cette réunion, bien que programmée avant que les combats n’éclatent, devra être consacrée essentiellement aux récentes hostilités.

D’ores et déjà, le sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères, Rahamatalla Mohamed Osman qui représentera son pays, a souligné que la tension actuelle pourrait mener de nouveaux pourparlers entre les deux pays dans une impasse. De son côté, le négociateur en chef du Soudan du Sud, Pagan Amun, espère parvenir à la cessation des hostilités.

Depuis l’indépendance du Soudan du Sud, les deux pays peinent à se mettre d’accord sur le partage des ressources pétrolières, à savoir les taxes que le Soudan du Sud doit verser au Soudan pour le passage du pétrole – détenu par la Soudan du Sud - à travers le territoire du Nord pour être exporté, via Port-Soudan.

A cela, viennent s’ajouter d’autres questions qui n’ont pas non plus été réglées à savoir le tracé des frontières et le statut des millions de sud soudanais qui vivent au Nord depuis plusieurs années ou qui y sont nés et qui sont aujourd’hui considérés comme des étrangers.

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