Dans son rendu, la juge de la Cour pénale internationale (CPI) Ekaterina Trendafilova a indiqué qu'il y avait des charges suffisamment sérieuses contre le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Uhuru Kenyatta, l'un des fils du père de l'indépendance kényane et candidat à la prochaine présidentielle.
Uhuru Kenyatta, qui est candidat à la prochaine présidentielle pour le Parti de l'unité nationale (PUN), est accusé d'être le coauteur indirect de « meurtres, transfert forcé de population, viols et persécutions ». Les mêmes charges ont été retenues contre Francis Muthaura, secrétaire du gouvernement et président du comité consultatif national de sécurité, considéré comme le bras droit du président actuel Mwai Kibaki. Il aurait autorisé les policiers à faire usage de force excessive contre les sympathisans du MDO (Mouvement démocratique orange).
En revanche, le chef de la police de l'époque, Mohammed Hussein Ali, 56 ans, n'est pas poursuivi. Aujourd'hui, il est directeur général du service postal kényan.
William Ruto, député du Mouvement démocratique orange, également candidat à la présidentielle pour le Mouvement démocratique orange (MDO) devra également comparaître devant la CPI. Sous la pression des associations des droits de l'homme, il avait été obligé de démissionner de son poste de ministre de l'Enseignement supérieur en août 2011.
Le présentateur de la station de radio KASS FM, Joshua Arap San, 36 ans, est également poursuivi mais pas l'ancien ministre de l'Industrialisation (également du MDO), Henry Kosgey.
Les deux camps accusés d'avoir armé leurs partisans
Près de 1 100 personnes ont été tuées et plusieurs centaines de milliers -dont certaines ne sont toujours pas relogées aujourd'hui- ont été obligées de fuir leur foyer au cours des affrontements qui ont suivi la publication des résultats des élections de 2007.
Les responsables des deux partis, PNU et MDO, qui revendiquaient chacun la victoire, avaient été soupçonnés très tôt d'avoir, si ce n'est armé, organisé les attaques entre partisans ou supposés partisans, visant ainsi des populations d'ethnies spécifiques.
Le procureur général de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo avait ouvert en 2010 une enquête sur ces violences politico-ethniques, puis lancé deux procédures distinctes visant les membres du parti de l'actuel chef de l'État Mwai Kibaki et les perdants de l'opposition.
Le gouvernement kényan avait fait objection aux procédures de la CPI en assurant que l'adoption d'une nouvelle Constitution et d'autres réformes lui permettraient d'engager ses propres poursuites