La Tunisie poursuit son processus démocratique avec l’inauguration de son assemblée constituante composée de 217 élus. Elle est dominée par le parti islamique Ennahda, qui a obtenu 89 sièges, et ses deux alliés de gauche : le Congrès pour la République (CPR), arrivé en deuxième position avec 29 sièges, et Ettakatol avec 20 sièges. Face à cette majorité, les autres partis de gauche se rangeront dans l’opposition.
La séance inaugurale de l’assemblée donnera lieu à l’élection de son président et de deux vice-présidents. Les élus devront également élaborer et adopter un règlement intérieur qui déterminera son fonctionnement.
Gouvernement de coalition et vigilance
D’ores et déjà, selon un accord de principe, les trois principaux partis se sont mis d’accord, ce week-end, sur la répartition des postes clés. Le poste de la présidence de la Constituante reviendrait au chef d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar. Moncef Marzouki, leader du CPR, devrait prendre la présidence du pays et Hamadi Jebali, numéro 2 d’Ennahda, serait appelé à diriger le futur gouvernement.
La répartition des postes devra, toutefois, être confirmée par l’assemblée constituante. La nouvelle assemblée devra d’abord valider la nomination d’un nouveau président de la République. Ce dernier désignera le Premier ministre qui devra ensuite soumettre son équipe à l’assemblée pour approbation.
Face à l’inquiétude que suscite leur arrivée au pouvoir, les islamistes d’Ennahda ont multiplié les propos rassurants disant notamment vouloir associer la quasi-totalité des partis politiques, mais aussi la société civile et les syndicats aux consultations sur les futures institutions.
Contacté par RFI, Mohamed Bensalem, député de Zéghoum, dans le sud du pays, affirme que son parti a pris des engagements d’ouverture qu’il va respecter.
De son côté, l’opposition sent, de la part des vainqueurs du scrutin, une tendance à vouloir s’accaparer le pouvoir et conteste « l’ouverture » prônée par la majorité. Les partis minoritaires sont conscients de la bataille difficile qu’il faudra mener à l’intérieur de la Constituante.
Samir Tayeb, député du Pôle démocratique moderniste (PDM) qui a obtenu 5 députés, assure que, quoique minoritaire, son parti sera vigilant et qu’il compte se battre avec notamment le soutien des organisations civiles.
La nature du nouveau régime
L’enjeu principal de la Constituante porte notamment sur la nature du nouveau régime et les pouvoirs des futurs dirigeants. Les uns proposent un régime parlementaire unilatéral comme le souhaiterait Ennahda ; les autres, un régime présidentiel aménagé ou mixte. Indépendamment de l’accord sur le nom des futurs dirigeants intérimaires, l’essentiel reste donc à définir, à savoir les prérogatives des uns et des autres.
Par ailleurs, il subsiste également une autre inconnue, celle de savoir ce que feront les élus de « La Pétition populaire », une formation indépendante, totalement inconnue avant les élections, et qui a remporté 26 sièges, devenant ainsi la troisième force de l’Assemblée.
Son dirigeant, Hachmi Hamdi, un richissime homme d’affaires basé à Londres, a annoncé ce dimanche 20 novembre 2011, qu’il gelait « immédiatement ses activités politiques en Tunisie » sans donner aucune consigne à ses élus. Certains se sont d’ailleurs déjà désolidarisés de lui.