En Egypte, le vent de la révolte souffle à nouveau place Tahrir

A huit jours du coup d'envoi du processus électoral en Egypte, c'est le retour de la contestation et des violences. Après les affrontements de samedi et dimanche au Caire et dans plusieurs ville de province qui ont fait 33 morts, les heurts entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l'ordre se poursuivent ce lundi 21 novembre place Tahrir au Caire. 

Les affrontements entre des centaines de manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire et les forces de l'ordre sont entrés dans leur troisième jour ce lundi 21 novembre place Tahrir au Caire, après avoir fait au moins 33 morts depuis samedi en Egypte.

La police tirait des grenades lacrymogènes sur les manifestants, qui répondaient en jetant des pierres, répartis en petits groupes sur la place et aux alentours. Les accrochages les plus durs se déroulaient aux abords du ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeutes, près de la place Tahrir.

Les protestataires sont très déterminés et leur message est clair : « Rien n'a changé depuis la révolution », « Nous ne voulons pas que le sang des Egyptiens ait été versé en vain ! ». Depuis samedi, les slogans hostiles aux militaires et les appels à la chute du maréchal Tantaoui qui est à la tête du Conseil suprême des forces armées depuis la chute du régime Moubarak se multiplient.

Fermeté du pouvoir

Le Conseil suprême des Forces armées a indiqué qu’il s’engageait à remettre le pouvoir aux civils à la fin de 2012. Il a aussi lancé une mise en garde contre « toute force qui tenterait de faire obstacle à la réforme démocratique » rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.

Un message clairement destiné aux manifestants de la place Tahrir accusés de menacer le déroulement des élections législatives. Un général du Conseil a même parlé de « complot intérieur et étranger» visant à jeter l’Egypte dans le chaos par le biais de « manifestations aussi violentes qu’injustifiées ». Une thèse reprise par le gouvernement après une réunion avec les militaires. Il souligne dans un communiqué que « le droit de manifester pacifiquement est licite mais pas l’atteinte à la sécurité de l’Etat ».

Le gouvernement a aussi rejeté toutes les affirmations des manifestants sur la violence policière en indiquant que « les forces de l’ordre avaient fait preuve d’une retenue exemplaire ».

Appel du pied aux islamistes

Le gouvernement a enfin appelé « les forces politiques à participer à l’action pour sortir le pays de l’impasse ». Un appel du pied aux islamistes qui, en dehors d’une faction salafiste, n’ont pas participé aux manifestations de samedi et dimanche. Les Frères musulmans ont même repris le discours du pouvoir en « rejetant tout ce qui pourrait faire reporter les élections ».

 

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