Ce n’est pas la première fois que Rafael Marques soulève cette question mais c’est la première fois qu’il porte plainte. En 2004, il a commencé à enquêter sur les abus commis dans le cadre de l’extraction minière dans la région diamantifère des Lundas, et surtout dans les municipalités de Cuango et Xé-Muteba.
Il a d’abord publié plusieurs rapports et en septembre dernier, il a publié un livre intitulé Diamants de sang : Torture et corruption en Angola. Il y dénonce des violations des droits de l’homme ainsi que « la promiscuité entre pouvoir politico-militaire et le commerce des diamants ». Il rapporte notamment des cas de torture et d’assassinats de chercheurs de diamants dans les zones de Lunda-Norte, exploitées par la Société minière de Cuango, un consortium de plusieurs entreprises.
Après la publication de son livre, le journaliste a mis au défi le président angolais José Eduardo dos Santos de se prononcer sur cette affaire mais jusqu’ici rien n’a été fait. C’est pour cette raison que Rafael Marques a décidé, cette fois-ci, de porter plainte. Il lance ainsi un nouveau défi au pouvoir angolais car les sept généraux de l’armée, qui sont assignés, sont des proches du président Dos Santos.
Parmi les personnalités visées, le principal général du président de la République
Les sept généraux visés sont des associés de la société Lumanhe qui fait partie du consortium de la Société minière du Cuango. Ils sont tous généraux des Forces armées angolaises et parmi eux, le général Helder Júnior « Kopelipa », ministre d’Etat et chef de la Maison Militaire du président de la République, José Eduardo dos Santos.
Ces sept généraux, accuse Rafael Marques, « ont usé de leur pouvoir institutionnel pour cautionner, par l’action ou par omission, le pouvoir arbitraire que la toute puissante Société minière de Cuango exerce dans la région ».
Interrogé par André Ferreira, du service lusophone de RFI, Rafael Marques fait part des atrocités commises contre des citoyens qui, au regard de la Constitution angolaise, s’assimilent à des crimes contre l’humanité. Il cite, entre autres, le cas de ces 45 chercheurs de diamants enterrés vivants.
Un rôle pédagogique
Rafael Marques sait que cette affaire doit passer par le procureur de la République et que celui-ci reçoit les instructions de poursuites obligatoires de la part du président de la République. Le président José Eduardo dos Santos pourra, par conséquent, ne pas donner son autorisation. Toutefois, Rafael Marques estime qu’il est de son devoir de saisir les institutions qui existent dans le pays afin qu’elles puissent servir les citoyens et de lutter pour leur indépendance.
Il estime que cette plainte doit avoir également un rôle pédagogique : montrer aux citoyens la façon de pouvoir avoir accès à la justice même lorsqu’il s’agit de cas impliquant des figures puissantes. C’est aussi pour « démolir la barrière de la peur », précise Rafael Marques, et pour faire des émules.