Violences au Liberia à la veille du second tour de l'élection présidentielle

Le rassemblement des partisans de Winston Tubman a dégénéré ce lundi 7 novembre dans la capitale Monrovia au Liberia. Winston Tubman, c’est le candidat à la présidentielle qui s’est retiré du second tour et qui appelle à boycotter le scrutin. Le second tour de l'élection devait l’opposer, mardi 8 novembre, à la chef de l’Etat sortante, Ellen Johnson Sirleaf, qui se retrouve donc seule en lice. La marche était censée être pacifique. Elle a fait au moins deux morts.

Quelques centaines de militants du CDC (Congrès pour le changement démocratique) s'étaient assemblés au siège du parti à Monrovia. Le rassemblement se voulait pacifique. Certains chantaient « on veut la paix et la justice » et en même temps, les esprits s’échauffaient parmi les militants : « Si la police ou les casques bleus touchent à un seul d’entre nous, ce sera un désastre », dit un militant. « Il faut reporter le scrutin en respectant nos exigences », dit un autre militant.

Jets de pierre et tirs à balles réelles à Monrovia

Tout a dégénéré à la mi-journée. Les militants du CDC, beaucoup de jeunes hommes très remontés contre la présidente sortante ont commencé à envahir la rue, devant le siège du parti, encadrant les voitures de leurs candidats, Winston Tubman et George Weah. Mais un peu plus loin, une rangée de casques bleus et de policiers anti-émeutes libériens bloquaient la rue.

La tension est montée. Des jets de pierre ont eu lieu. Et la police anti-émeute libérienne a répliqué, d’abord avec des gaz lacrymogènes. Puis des tirs à balles réelles ont été entendus quand la police a pénétré dans le QG du CDC. Bilan : deux morts au moins, vus par des journalistes. George Weah, le footballeur candidat du CDC à la vice-présidence parle, lui, de trois ou quatre morts et de nombreux blessés. La mission de l’ONU confirme, elle, un décès.

La mission de l'ONU confirme aussi que ses casques bleus se sont interposés ensuite entre la police libérienne et les militants. Ceci pour tenter d’apaiser la situation. Trois casques bleus ont d’ailleurs été légèrement blessés. Trois heures plus tard, les blindés et troupes de l’ONU gardaient effectivement le siège du parti, tandis que des policiers continuaient de mener des arrestations parfois musclées.

Un second tour sous haute surveillance

Ces accrochages interviennent donc à la veille d'un second tour, assez singulier, puisqu'il n'y aura qu'un seul candidat en lice, la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf. Depuis l’annonce du boycott du second tour de l’élection par Winston Tubman, la Commission électorale a annoncé que le vote aurait bien lieu, conformément à la Constitution. D’ailleurs les bulletins avaient bien été imprimés avec les noms des deux candidats. Ces deux derniers jours, Ellen Johnson Sirleaf exhortait les Libériens à aller voter pour consacrer « la paix revenue il y a 8 ans au Liberia ».

Arrivée en tête au premier tour avec près de 44% des voix contre près de 33% pour Winston Tubman, elle a aussi reçu des soutiens de poids : ceux de Prince Johnson et Charles Brumskine arrivés troisième et quatrième lors du premier tour. Ellen Johnson Sirleaf accuse son adversaire de boycotter la suite du processus de peur de perdre. Le CDC, lui dénonce des fraudes et ne se satisfait pas de la démission du président de la Commission electorale la semaine dernière. Le premier tour s’était déroulé dans le calme, ce dont tout le monde s’était félicité. Un scrutin salué et qualifié par les quelque 4 000 observateurs nationaux et internationaux comme « libre et transparent » avec 71% de participation.

A la veille de ce second tour dans un pays traumatisé par 14 ans de guerre civile, c’est la tension qui inquiète. Des casques bleus prévoient des patrouilles dans les rues de Monrovia.

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