Le Congrès pour le changement démocratique (CDC) de Winston Tubman avait dénoncé des fraudes lors du premier tour. Elle avait exigé un plus grand nombre d’observateurs pour le second tour et la démission du président de la Commission électorale nationale. Des aménagements avaient donc été prévus dans ce sens. Pour Georges Solo, le directeur de campagne de Tubman, la décision de ne pas participer au second tour est définitive.
Pour Ellen Johnson Sirleaf, cette décision est contraire à la Constitution. Arrivée en tête du premier tour de scrutin le 11 octobre dernier, la présidente sortante bénéficie du soutien, pour le second tour, de l’ex-chef de guerre Prince Johnson, arrivé en 3e position avec 11,6% des voix et du juriste Charles Brumskine, positionné à la 4e place avec 5,5% des voix. Ellen Johnson Sirleaf a fustigé la crainte de son rival « d’être battu » et a appelé les Libériens à venir voter. Dans une allocution radio-diffusée à la nation ce samedi 5 novembre, elle a martelé : « Ne permettez pas qu’un responsable politique, quel qu’il soit, tienne votre pays en otage ».
Pour la présidente par intérim de la Commission électorale nationale, Elizabeth Nelson, la décision de Winston Tubman ne change rien sur le plan pratique, puisque le second tour est une obligation « constitutionnelle ». Les bulletins de vote portant les deux noms des deux candidats du second tour seront donc bel et bien dans les bureaux de vote mardi 8 novembre.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) tente de persuader Winston Tubman de revenir sur sa décision. Les partisans du rival de Sirleaf ont décidé de se réunir, ce 5 novembre dans les rues de Monrovia. La mission des Nations unies au Liberia a, de son côté, diffusé un communiqué pour inviter l’ensemble de la population à s’abstenir de toute violence. Une crainte réelle dans un pays qui a connu de 1989 à 2003 une violente guerre civile.