Près de 1,8 million de Libériens sont appelés aux urnes ce mardi pour participer au premier tour de l’élection présidentielle et aux élections législatives. Un total de seize candidats participent à la présidentielle. Outre le chef de l’Etat, les électeurs libériens vont désigner 15 sénateurs et 81 députés. Il s’agit du second scrutin depuis la fin de la guerre civile et des premières élections organisées sous l’entière responsabilité des Libériens, et tout particulièrement de la Commission nationale électorale (NEC). Le scrutin précédent avait été organisé par les Nations unies en octobre 2005. Madame Sirleaf, avait alors été élue, en battant au second tour l’ancienne vedette internationale de football George Weah. Ellen Sirleaf devenait ainsi la première femme chef d’Etat en Afrique.
La campagne de la présidente sortante a été renforcée avec l’annonce, vendredi 7 octobre, de l’attribution du prix Nobel de la paix à Mme Sirleaf, conjointement avec sa compatriote Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkol Karman. Appréciée à l’étranger, la présidente sortante peut se targuer d’avoir réussi à promouvoir la reconstruction de l’économie du pays et à attirer des investissements, notamment dans les secteurs des mines de fer, du pétrole et de l’exploitation de l’huile de palme. Mais localement Ellen Johnson-Sirleaf ne fait pas l’unanimité.
Son principal rival est Winston Tubman, ancien diplomate et ancien ministre de la Justice. Il est soutenu par le principal parti de l’opposition, le Congrès pour le changement démocratique (CDC). Tubman affirme que Sirleaf n’a pas réussi à réconcilier les Libériens. La présidente sortante est également critiquée pour avoir aidé, vers 1990, l’ancien chef de guerre Charles Taylor accusé de crimes contre l’humanité, à qui elle s’est ensuite opposée. L'homme se présente en tandem avec l'ancienne star du football George Weah, très populaire auprès de la jeunesse et candidat à la précédente élection, et qui briguera la vice-présidence. Un duo pour le moins surprenant.
Ellen Johson Sirleaf ou Winston Tubman devront faire face à une quinzaine d'autres candidats. Notamment Prince Johnson, un ancien chef de guerre, qui a commandité l'assassinat de Samuel Doe, dictateur du Liberia de 1980 à 1990. Il assure aujourd'hui que son triste passé est derrière lui.
Un pays à reconstruire
Le Liberia est le premier Etat indépendant de l’Afrique noire. Cette République a été fondée en 1847 par des esclaves libérés venus des Etats-Unis. Le Liberia, avec un territoire de près de 111 000 kilomètres carrés et une population de 4,1 millions d’habitants, a été fortement traumatisé par deux guerres civiles presque successives, de 1989 à 2003, qui ont fait 250 000 morts et des centaines de milliers de blessés.
Les élections de mardi sont considérées comme étant de première importance pour consolider la paix dans le pays. Il faut noter que la campagne a été plutôt calme, en grande partie grâce à la présence des 8 000 hommes du contingent de la Mission des Nations unies au Liberia (MINUL). Les observateurs affirment que la situation sécuritaire du pays est assez fragile. Le pays ne dispose pas de forces militaires et policières suffisantes pour faire face à l’important trafic d’armes aux frontières, notamment avec la Côte d’Ivoire. Le Liberia est souvent frappé par les effets de la rivalité entre différentes ethnies.
Le prochain président de la République aura aussi beaucoup à faire avec la grave situation économique d’un pays où 80% de la population n’a pas d’emploi. A cela s’ajoute le problème chronique de la corruption, dans un Etat où la justice est aussi à reconstruire.